Après quelques mois d’absence, je reprends la plume, enfin le clavier... Jusque là, la conviction m’a manqué. Je n’ai pas eu le courage de terminer le récit de la Trans Aq’. Cet épisode a été tellement fort que tout récit me paraissait dérisoire. Et je m’en excuse auprès des quelques lecteurs qui ont attendu la suite. De plus, comme à chaque fois chez moi, la réalisation d’un objectif majeur s’est accompagnée d’une période de vide. Le repos physique était nécessaire mais se vider la tète aussi. Il fallait nécessairement passer à autre chose.
Je suis d’ailleurs toujours aussi admiratif quand je vois des athlètes enchainer les ultras. Déjà psychologiquement cela me parait difficile alors physiquement… Je sais aussi que pour réaliser de telles performances, courir toujours plus n’est pas la solution et qu’il faut penser son entraînement autrement. Ceux qui me connaissent bien sentent venir la suite mais je vais faire encore durer un peu le plaisir…
Donc comme je le disais, la suite de la Trans Aq’ fut marquée par une absence totale de sport et d’envie de sport. On va dire jusqu’à mi-juillet environ. J’en suis sorti assez fatigué, voire même assez usé. Cette épreuve demande une préparation énorme qui m’a bien pris le chou pendant des mois. Depuis quelques temps, je traine des douleurs récurrentes aux genoux et au tendon d’Achille gauche. Les douleurs aux genoux se manifestent généralement en fin de footing ou en milieu de sortie longue. Pour résumer, j’ai la sensation que les genoux se dérobent lorsque je monte une pente ou un escalier. La gène est moins forte sur le plat. Pareil pour le tendon d’Achille, il commence à couiner au bout d’une demi-heure.
J’ai réessayé de courir quelques footings en vacances mais à chaque fois, et même après un long repos, les problèmes réapparaissaient. Début Août, je consulte un traumatologue du sport qui lance la grosse artillerie avec IRM sur chaque genou, infiltration sur le genou droit et écographie du tendon. Autant dire que j’ai fais péter le budget de la sécu en 2 jours. Comme je ne suis jamais malade, cela compense un peu…
Résultat des courses : inflammation des cartilages des genoux, tendinite au tendon d’Achille et grosse fatigue générale. « Ménagez-vous Monsieur Ferrer, faites du triathlon !» qu’il me dit le Docteur lui-même triathlète (il a écrit un bouquin sur la discipline). Voilà, la piqure a été lancée, le virus fera son effet un mois et demi plus tard.
Mais avant cela, je fais aussi un constat déprimant. Depuis plusieurs années, mes performances déclinent. Plus je cours, moins je suis performant et donc je me dis, il faut courir encore plus ! C’est une erreur, un cercle vicieux. J’ai certes terminé mes 3 courses majeures 2009/2010 mais au fin fond des classements. Non pas que je cherche la performance à tout prix mais au regard des efforts fournis et des heures d’entraînement, je me dis qu’il y a un problème.
Mon diagnostique est toujours le même depuis 2 ans maintenant, je suis fatigué. J’en ai fait beaucoup… peut-être trop ? L’année dernière, j’ai rempilé à l’Avia-club d’Issy car j’avais encore des choses à terminer et aucune alternative à la course à pied. Mon objectif restait la Trans Aq’. J’en ai profiter pour rajouter l’écotrail de Paris et la Saintélyon. 3 ultras dans l’année plus 4/5 petits trails ont contribué à bien charger la mule.
Le repos doit faire partie intégrante de l’entrainement. Si j’ai un reproche à faire, c’est que l’accent n’est pas assez mis sur la récupération. Les séances sont trop chargées et courues trop vite. Je me suis épuisé pendant des années pensant qu’il fallait en faire toujours plus pour progresser. Un phénomène de lassitude s’est également produit. L’impression de faire toujours la même chose pendant des années pour un résultat décevant a également beaucoup contribué à mon manque de motivation.
J’ai donc décidé de m’inscrire à un club de triathlon. Le choix de club ne fut pas très difficile à faire puisque j’ai signé à Issy Triathlon. J’ai beaucoup discuté avant de signer. Au registre des craintes par rapport à ce sport, il y avait en vrac, l’emploi du temps chargé à cause de l’accumulation de 3 sports, le coût des équipements, la mentalité un peu « warrior », le côté un peu narcissique des thiathlètes, etc. Et puis il y a aussi la peur d’entrer dans un autre monde, s’intégrer à un nouveau groupe et couper le lien affectif avec l’Avia-club.
Cela fait un peu plus d’un mois et demi que je participe aux séances du club. Le bilan que j’en tire est assez riche et je vais essayer d’exprimer un peu tout ce que je ressens en restant le plus objectif possible.
Les aspects positifs :
- - La mentalité : J’ai été bien accueilli, l’esprit et l’ambiance sont excellents. Il y a un fort attachement au club autour des entraineurs et des membres « actifs ».
- - La philosophie : chacun s’entraine à son rythme en fonction du programme proposé. Certains préparent des « ironman », d’autres sont là juste pour rester en forme ou perdre du poids et entre les deux, des adeptes des courtes distances, des sprints, des duathlons, des bike n’run, des trails, des courses sur route, etc.
En gros, pas de contrainte, chacun se fait plaisir selon ses envies.
- - Les entrainements : ils sont très « pros ». Le programme est construit et précis. Il est progressif et varié. Les entrainements sont expliqués, structurés et adaptés à chacun par des tests VMA qui calment les ardeurs sur la piste ou les enflamment. Pas question de se tromper d’allure.
Par contre, les séances sont difficiles et demandent une très bonne condition physique. Les séances de CAP sont souvent suivies d’abdos et de PPG assez terribles.
Des groupes de niveau sont constitués en natation et en vélo donc pas de souci pour les débutants. Mais même dans cette catégorie, c’est dur au début.
- - La récupération : même si les séances sont dures, le fait d’avoir 2 sports portés (natation et vélo) est moins contraignant. Je n’ai quasiment plus de douleurs aux articulations.
- - Le dynamisme du club : outre les entrainements, il y a peu de chance de s’ennuyer. Le club est très actif et organise des évènements régulièrement. Il y a des sorties longues nocturnes une fois par mois, un challenge bike n’run interne au club, des activités natures certains dimanche dans l’année, des déplacements groupés sur des courses, etc.
- - La structure du club : la communication est permanente. Des tenues sont proposées dans les différentes disciplines ce qui renforce l’attachement au club. Une sortie vélo avec 50 triathlètes aux couleurs du club, ça en jette un max ! De plus, Issy Triathlon travaille avec des partenaires (vélociste et CAP) qui proposent des réductions non négligeables sur les matériels.
- Le niveau du club : il faut bien avouer qu’Issy Triathlon est un club de haut niveau. Il y a une grosse densité élite qui crée une sorte d’émulation. Plusieurs champion(ne)s de France en Duathlon ou Bike n’run font parti du club. Même dans le triathlon, certain(e)s ont un excellent niveau.
Avec des classes triathlon au collège et un groupe de jeunes importants, l’avenir est assuré. Tout est bien pensé.
- - Le mental : la variété des disciplines et des entrainements dans chaque discipline ainsi que l’activité du club fait qu’on ne s’ennuie jamais. Donc la motivation reste intacte.
- - Les 3 disciplines : elles sont complémentaires et assurent une excellente forme physique. On peut aussi parler de l’esthétisme lié au triathlon car le corps se muscle de façon plus équilibrée.
Les aspects négatifs :
- Le budget : soyons clair, la 1ère année, avec l’inscription, les matériels et les tenues, c’est un budget d’environ 2500 € et cela peut monter beaucoup, beaucoup plus haut si on tape par exemple dans le haut de gamme en vélo. Personnellement, j’ai fais le choix d’un vélo carbone en promo, un GIANT TCR de la gamme 2010 et je ne le regrette pas. En plus, je le trouve très beau, ce qui ne gâche rien Il faut savoir qu’une seule paire de roues en carbone peut couter jusqu’à 1200 € ou une paire de chaussures de vélo 350 €. Le vélo est un sport très cher pour le passionné.
Cependant, c’est un investissement uniquement la 1ère année.
Autre inconvénient budgétaire, le prix des courses « officielles ». C’est 400 € pour un ironman du circuit et 250 € pour un half-ironman. Sans compter les frais d’hébergement et de déplacement. Ça calme… Néanmoins, il existe des courses non officielles bien moins chères dites « au format de… » ou « challenge » qui permettent de se faire plaisir.
En gros, le tri comporte plusieurs circuit gérés par des entreprises privées très rentables qui détiennent des labels et les font payer très chers à une catégorie de pratiquants plutôt aisés… Tout cela me semble encore très compliqué aujourd’hui.
En conclusion, le triathlète doit quand même avoir un peu de sous pour exercer sa passion.
- - La fatigue : les 1ères semaines ont été très dures. Reprendre la natation après 25 ans d’arrêt m’a épuisé. Je rentrais des séances complètement lessivé à tel point que j’en suis presque tombé malade. J’ai été dans un état de fébrilité pendant 2 semaines. Aujourd’hui j’encaisse mieux la natation mais je manque encore cruellement de puissance. La technique revient peu à peu et j’arrive à accrocher les wagons.
Débutant en vélo, j’ai également beaucoup de mal à suivre. Lors de ma 1ère sortie, j’ai été largué au bout de 500 mètres ! Le vélo est mon plus gros problème. Il faut dire que je pars de zéro dans cette discipline et la route va être longue. Certes j’ai bien l’intention de m’accrocher mais il va me falloir du temps avant de me hisser ne serait-ce qu’à un niveau moyen.
Il n’y a qu’en CAP où j’arrive à suivre mais bien que pratiquant depuis longtemps, je suis dans les derniers du club ! Là je tombe un peu de haut.
Pour tempérer cet inconvénient, bien que le triathlon soit fatiguant, il n’est pas traumatisant. En clair, si je suis vidé, je n’ai aucune douleur et ça me convient très bien.
- - Un sport chronophage : il faut bien avouer que même si les horaires des séances me conviennent parfaitement et s’adaptent mieux à mon emploi du temps, faire du triathlon, c’est bouffer une grosse partie de ses loisirs tout en restant raisonnable dans chacun des sports.
En ce qui me concerne, j’ai décide de nager 2 fois par semaine, de courir 2 fois par semaine (dont une séance de piste avec le club) et de faire du vélo 1 fois par semaine. J’arrive déjà à 5 séances par semaine soit mon maximum hebdomadaire de séances en course à pied pour ce que je considère un minimum en triathlon. Beaucoup s’entrainent tous les jours et cumulent les activités dans une journée, souvent enchainement vélo/CAP. Heureusement, je n’en suis pas là… du moins pas encore…
Quelles conclusions tirer de tout cela ?
- A ce jour, je suis pleinement satisfait de mon choix. Je ne m’ennuie pas, je prends du plaisir et je suis motivé.
- J’ai bon espoir de retrouver une bonne forme physique afin de continuer à faire du sport sans me faire mal.
- Pour info, je me suis réinscrit à l’écotrail de Paris et à l’Icetrail. Je m’interroge d’ailleurs sur les effets d’un entraînement triathlon sur la CAP. Je suis convaincu de l’intérêt de l’entrainement croisé. Pour la course sur route à haut niveau certainement pas mais pour le trail à un niveau moyen, cela ne peut être que bénéfique. Aujourd’hui j’ai un cadre pour ça et il me convient.
La natation favorise le gainage du corps et permet de travailler la respiration.
Le vélo est beaucoup moins traumatisant que la course et permet un travail sur les sorties longues.
On verra bien l’effet sur les performances. Bien sur je n’ai aucune certitude.
- Malgré toutes ces projections un peu « prophétiques » sur d’éventuels résultats futurs, l’objectif principal est de m’amuser et de me sentir mieux. A ce titre, il est pleinement rempli.
J’aimerai faire un triathlon en fin d’année mais je n’en ferai pas un drame si l’opportunité ne se présente pas. A ce jour, cette perspective me fait un peu peur mais d'un autre côté, ça me plait de me confronter à ce type de challenge.