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  • : RUNFREDO
  • : "J'ai juste envie de courir" disait le héros bien connu d'un film. Courses sur route ou courses natures, sur des trails, en off, seul ou en groupe, le jour ou la nuit, pour dépasser ses limites ou simplement pour le plaisir.
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28 septembre 2009 1 28 /09 /septembre /2009 14:42

Il suffit qu’une petite course se présente et je succombe illico presto à ses charmes.

Il y a 3 semaines, après un abandon à la CCC et une remise en cause de mes envies de course, je décide de revoir mes objectifs sportifs. Convaincu qu’une année sabbatique me ferait le plus grand bien, je pars dans l’idée de ne courir que quelques footings pour le plaisir. Mais voilà, comment dire… la flamme… la passion… enfin j’aime courir quoi, j’adore m’embarquer dans des tranches d’aventure dans lesquelles je me sens vivant, bien dans ma tète.

Bref, ce petit problème de conscience étant rapidement évacué, je me suis mis à la recherche d’une course. C’est facile, en France, il y en a 6000 par an et je n’ai que l’embarras du choix dans cette période prolixe en offres d’épreuves.

Je m’inscris à la « Noctutrail ». C’est un trail nocturne de 16km à Rosny sur Seine (78) près des Mureaux. Enfin, 16km affichés sur le site de la course, 17km annoncés au briefing et au final, 18km constatés sur les GPS des coureurs. C’est tout le charme du trail, il ne faut jamais se fier aux distances officielles, il arrive assez souvent qu’on se tape un peu de rab et ça tombe bien, j’adore l’imprévu. C’est là que j’y ai couru mon 1er trail, « le trail de la Vallée de Sully » en 2002, embarqué par Christian, précurseur du club dans la discipline. C’était la version diurne de 35km et à l’époque, nous n’étions même pas une centaine sur la ligne. Je me souviens des cafetières, des bières et des gâteaux maison sur les tables des bénévoles.

Je n’ai trouvé personne pour m’accompagner. Le forum du club n’a pas trouvé d’écho à ma balade du soir. Tant pis, la météo s’annonce pourtant clémente et samedi après midi, je prépare consciencieusement mon sac de course. Je partirai avec mon wasp et 1,5 litre de boisson énergétique histoire de maintenir la glycémie à un niveau constant. C’est un peu trop pour 17km mais autant garder une stratégie d’hydratation qui fonctionne bien et je ne risque pas le coup de pompe à 5 bornes de la fin. Je prends 2 lampes frontales au cas où, un buff et des manchons si le temps se rafraîchit trop.

Direction Rosny sur Seine à presque 60 bornes de la maison. La nuit tombe et alors que tous les banlieusards descendent faire la chouille sur Paris, je pars dans l’autre sens pour aller courir en forêt. J’aime bien les trucs à contre-courant, c’est aussi ça qui me plait dans le trail. Le lendemain, c’est le Paris-Versailles, la course mythique aux 20000 participants et sa fameuse côte des gardes.

Tout le contraire ici, je retrouve un peu l’ambiance des débuts : peu de monde, des bénévoles attentifs et dévoués préparant le ravitaillement d’après-course et une atmosphère amicale loin de toutes les grandes manifestations.

Je me sens bien, détendu. Pas de queue pour retirer le dossard, je prends le temps de sourire aux bénévoles, de parler avec eux, sans stress. Après un rapide briefing de l’organisateur, nous nous dirigeons vers la ligne de départ. Nous sommes environ 160 inscrits. Je discute un peu avant le départ, il y a surtout des coureurs du coin et beaucoup partent sans eau ou avec juste un petit bidon de 600ml. Je pense que ce n’est pas pénalisant dans le cas présent. Il fait bon, le ciel est étoilée et la température juste comme il faut. Je ne regrette pas un seul instant d’être ici.

Bang c’est parti ! Ça parle un peu au départ. Des coureurs partis en groupe échangent quelques conneries d’usage. Je suis toujours bon public dans ce genre de situation. Je suis là pour le plaisir et pour profiter de ces bons moments. Et puis, l’excitation des départs engendre toujours une espèce d’euphorie collective. Chacun est content d’être là. Généralement, ça se calme dès la première montée.

D’ailleurs, on monte dès le début. Ce n’est pas bien raide mais long et régulier, suffisamment pour faire grimper un peu le rythme cardiaque. Arrivé en haut, mon téléphone sonne, c’est Anne-Paule qui prend des nouvelles, je lui réponds assez essoufflé que tout va bien. Je regarde mon cardio / GPS et l’écran est vide. Merde, c’est ma batterie qui me lâche. Cela fait plusieurs fois que mon Garmin montre des signes inquiétants. Malgré une recharge complète, il s’éteint. C’est ennuyeux mais d’un autre côté, ce n’est pas plus mal d’oublier les chiffres et de courir aux sensations sans aucun repère. Peu  après, je sens un truc humide dans le dos. Ma poche à eau fuit ! Merde, le bas du sac est mouillé puis très rapidement la contagion gagne le dos et les fesses. Décidément, c’est la poisse. En plus, c’est de la boisson énergétique bien collante… Pas grave, je me dis que c’est peut-être un léger surplus de boisson et je pompe sur le tuyau en espérant que ça va s’arrêter. La montre, puis la poche à eau, manquerait plus que le bonhomme ait une défaillance.

Je sens que j’ai des jambes. J’avale une seconde longue montée sans forcer. Parti dans les derniers, je double pas mal de monde. Ma poche à eau continue à fuir mais je n’ai pas envie de m’arrêter. En haut de la côte, nous arrivons sur un petit pont en bois éclairé de part et d’autres par des bougies. C’est super mignon et j’en profite pour essayer de stopper l’hémorragie de liquide énergétique. Je refais la fermeture du sac et repars. J’ai perdu 30 secondes tout au plus et j’ai l’impression que ma poche ne fuit plus.

Je repars comme un bolide, j’ai des sensations extra, je reviens rapidement sur tout ceux qui m’ont passé et je les double avec facilité. Un gros coup de cul me fait marcher pendant 10 mètres puis je relance. Le parcours n’est pas technique, ce sont essentiellement de longues montées suivies de longues descentes. Les jambes sont nickel, je n’ai aucun échauffement dans les cuisses. C’est tout bon.

J’enchaîne les montées et les descentes tout en continuant à doubler, surtout dans les montées où la plupart des coureurs marchent. Je profite de ma forme du moment. Je bois beaucoup. Le balisage est parfait, des bénévoles sont placés dans tous les changements de direction. Ils encouragent systématiquement les coureurs, c’est génial et je leur renvoie un merci à chaque fois en retour. Sincèrement, je ne vois pas le temps passer, c’est du plaisir pur avec des chemins en monotrace assez roulants. J’en profite pour appuyer chaque fois que c’est plat ou en faux-plat descendant. Sur les montées, je raccourcis la foulée, mouline avec les bras et garde un bon rythme.

J’ai un petit objectif secret qui serait de faire moins de 2 heures mais je sens que je pourrai descendre encore en dessous. N’ayant aucun repère, je ne me pose pas de question et file bon train. La nuit est tempérée et claire, je n’ai pas froid, je n’ai pas chaud, les conditions sont parfaites. Peu avant la moitié, 2 gars me dépassent, un petit trapu et un grand balèze. J’appuie un peu pour leur coller aux fesses. Je sens que le cœur s’emballe mais je décide de tenter le coup. 200m plus loin, ils marchent pour boire… Fais chier, du coup je maintiens mon rythme et espère qu’ils ne reviendront plus.

Je suis en forme c’est indéniable. Vers la moitié du parcours, nous arrivons sur une descente bordée de bougies. Un ravitaillement en eau est présent mais je le zappe évidemment. Encore des bougies, un petit pont éclairé, des spectateurs qui nous poussent dans la nuit et des bénévoles aux petits soins. J’ai la jauge à bonheur au maximum, j’ai envie de courir toute la nuit, une espèce de sourire béat aux lèvres. Qu’est-ce que c’est bon !

Le décor change soudain. On attaque une montée un peu plus technique dans les pierres et soudain le parcours part direct dans les bois. Plus de chemin, des feuilles, des pierres, des petites buttes, des arbres et des branches à éviter et rien que du balisage pour sortir de là. C’est génial, j’adore. Forcément, le rythme n’est plus le même, il faut bondir, anticiper, le tout à la frontale en percevant les détails au dernier moment. C’est le pied et en plus, je passe cette partie seul. Quelles sensations !

Retour sur le chemin, je continue à doubler des coureurs car on enchaîne des passages pas très roulants et les jambes sont encore bien. Des buttes assez raides de 3/4 mètres qui s’enchaînent, un petit devers entre les arbres puis retour sur le chemin. Cela revient derrière, petit trapu et grand balèze sont encore sur mes talons. Mince… On arrive sur une longue boucle en épingle à cheveux. Elle commence par une descente très raide et glissante suivie d’une remontée équivalente… raide et glissante donc. Je monte avec petit trapu et grand balèze. Dans le raidillon, je demande à petit trapu où on en est. Il me répond 13,6km et 1h17’. Petit calcul dans ma tète et je me dis qu’1h45/1h50 c’est jouable. Ça me booste et dès que le terrain devient moins raide, je repars. Je coure toujours aussi bien, je suis super motivé et je lâche de nouveau petit trapu et grand balèze. 4,5km, c’est rien du tout et je décide de ne rien lâcher.

Peu après, petit trapu et grand balèze reviennent encore sur moi… Petit trapu est fort mais grand balèze semble accuser le coup. Ce n'est pas grand chose certes mais il reste un peu en retrait et ne parle plus. Ce sont des signes qui ne trompent pas, il commence à être dans le dur. Du coup, je discute avec son pote. A 1h42 de course, petit trapu me dit qu’il reste 700m mais un bénévole nous annonce 1,5km. Ouééé vive le trail ! On maintient un bon rythme sur un terrain qui comporte quelques pièges. Petit trapu manque de se rétamer sur un double virage serré. Je lui dis que ce n’est pas le moment de se planter. Grand balèze s'éloigne progressivement. On reconnaît la fin du parcours qui est identique au début. Petit trapu accélère et me lâche à mon tour alors que les cuisses commencent à durcir. Je double encore un coureur et revient vite sur un autre à quelques mètres de l’arrivée. Il sent venir le coup et accélère à l’entrée de l’école qui marque la fin de la course.

Je passe la ligne juste derrière lui en 1h49’47’’. C’est ce qu’annonce le panneau d’affichage tout au moins. La distance frise les 18km ce qui m’autorise un petit 10km/h. Je suis aux anges, les jambes tirent un peu mais rien de méchant. Je me dirige gentiment vers le buffet et engloutit goulument 2 soupes de légumes maison bien chaudes et quelques tucs. Hum c’est trop bon ! J'évite la bière. J’ai même pas envie de partir, je traînasse encore un peu le temps de gagner une paire de lunettes de soleil au tirage au sort. Pratique pour la prochaine course de nuit. Un p’tit coup de fil à Anne-Paule pour lui dire que tout va bien et je rentre tranquillement en voiture.

Alors au final ?

J’ai pris mon pied tout simplement. Je pense être en forme et cela s’est vérifié sur cette course. Je le sentais plus ou moins sur mes footings. Je compte bien en profiter tant que les jours sont cléments. Mais toujours aucun excès cette fois, je compte bien garder la même philosophie... ou pas

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