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  • : RUNFREDO
  • : "J'ai juste envie de courir" disait le héros bien connu d'un film. Courses sur route ou courses natures, sur des trails, en off, seul ou en groupe, le jour ou la nuit, pour dépasser ses limites ou simplement pour le plaisir.
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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 20:16

Inscrit sur la Saintélyon, j’estime que le plan du coach est assez lourd et j’arrive sur les semaines d’entraînements où les week-ends sont passablement chargés. Personnellement, j’ai du mal à accumuler des sorties longues de plus de 2h et j’essaye souvent de me trouver des courses pour compenser avec pour objectif de me faire plaisir. Cela me permet de découvrir des « petites » courses accueillantes, presque intimes où il fleure bon la convivialité.

2 semaines avant le
trail des sorcières, j’attrape donc mon calendrier Jogging International en quête d’une course fin octobre et je fais chou blanc. Rien d’intéressant en trail comme sur route sur des distances acceptables, c'est-à-dire aux alentours de 30km. Dans la section « course nature », on commence à voir fleurir des cross, pas vraiment adaptés à ce que je veux faire.


Non moi je cherche la petite perle pas trop connue qui me permet de vivre un bon moment sportif, la découverte d’un bout de forêt, d’une bonne ambiance. J’élargis mon champ d’investigations dans les Régions proches de Paris et toujours rien ce week-end là, à croire que tout le monde a décidé de veiller les morts.


Par curiosité, je consulte le calendrier
Ultrafondus sur le net et… bingo ! Niché entre le Grand Raid de la Réunion et l’Everest Lafuma Sky Race, je vois le Trail de Sorcières. Tiens ? Késako ? Jamais entendu parler. Je visite direct leur site et je vois que la course se déroule à côté de Chinon à seulement 300km de Paris. C’est un ultra sur 2 jours avec un 20km nocturne le samedi et un 33km diurne le dimanche matin. Hum hum, très intéressant ! Ni une ni deux j’en parle à Anne-Paule qui me propose carrément un petit week-end complet sur la Région.


En plus, il y a aussi un 13km et un 20km encore le dimanche matin ce qui laisse la possibilité à Anne-Paule de se joindre à la fête. Mais c’est tout bon ça ! Juste un petit regret, Hugo aurait pu nous accompagner car une course pour enfants est également au programme. Yolande et Alain sont aussi partants. 2 heures après, l’hôtel est réservé pour le vendredi soir histoire de visiter un peu le coin le samedi. L’affaire est rondement menée...


Je visite le site de la course, on nous parle de repas d’après course, de convivialité, de chemins accueillants, de bénévoles aux petits soins, bref, de tout ce pourquoi j’aime courir. Je sens que j’ai trouvé la perle rare du week-end, le genre de course qu’on note sur un calendrier chaque année pour se détendre.


Arrivés le vendredi soir, nous passons le samedi à visiter Chinon et à préparer nos affaires pour le soir non sans oublier la sieste règlementaire. Nous arrivons vers 17h30 à Saint Benoit la Forêt, joli village abritant l’organisation.

Saint Benoit la Forêt... donc :


 
































Son église...


 




















Sa mairie...






















Sa poste...



































Ses touristes anglais...





Et maintenant son trail et son ultra.





















Chinon, ville médiévale en pleine rénovation.


Au retrait des dossards, nous prenons possession d’une paire de chaussettes techniques ainsi que d’un porte-dossard, très très pratique.





















Alain et moi prêts pour la course de nuit.

C’est à ce moment là que la pluie va commencer à tomber, de plus en plus fort… et va continuer pendant un bon moment. La nuit est également tombée et tous les trailers se rassemblent sous de grandes tentes en attendant le départ prévu à 18h30.



































Les mines ne sont pas à la rigolade, on va tous finir rincés de chez rincés.

 
Non en fait je suis super content d'être là...




Et Alain aussi "no panic".

Avec Alain on dirige vers la ligne de départ. On a encore droit à la musique d’Era « Ameno », le truc que je déteste et qui sévit également aux templiers. J’imagine que ça doit faire son effet dans le monde du trail, genre « on est des warriors qui courons après un truc mystique et que rien ne peut atteindre ! Argh !» Ça fait froid dans le dos. En parlant de guerrier, il pleut fort et je me demande s’il n’y a pas un lien de cause à effet avec cette saloperie de musique. Je suis obligé de mettre une casquette pour protéger mes lunettes de la pluie mais du coup ma lampe frontale éclaire la visière au lieu du sol. Je retourne ma casquette et me prend la flotte en pleine poire. Il y a toujours un truc qui merde, ça craint.


C’est parti ! Après une espèce de 8 dans la grande clairière du début on file dans la forêt. Ça grimpe un peu au début puis le chemin ondule dans les bois alentours. Le terrain est assez stable et large pour notre petit peloton. Rapidement je ne vois plus rien et j’enlève mes lunettes. Du coup, je ne vois vraiment plus rien à part un halo de lumière devant moi. A la 1ère racine ou pierre, c’est le vol plané assuré.


Nous sommes rapidement à l’arrêt devant une pente très raide d’une dizaine de mètres. Ça bouchonne car il faut enjamber un petit fossé et grimper une pente boueuse et glissante. Je me dis qu’on est en train de passer en mode « entraînement GIGN » et qu’on va en chier comme des russes. Arrivé en haut, je repart en courant derrière Alain qui utilise 2 lampes pour avancer, une frontale et une à la main. On s’engage dans un monotrace très agréable qui serpente en pleine forêt.


Alors que j’avance dans un brouillard complet, je me sens bien. Je dépasse Alain au train car je ne vais pas beaucoup plus vite que lui et je poursuis ma route au travers des chemins. Nous arrivons ensuite sur une petite portion en bitume et j’en profite pour nettoyer et remettre mes lunettes. Je sors ma seconde lampe frontale que je tiens à la main et je remets ma casquette. La pluie se calme par intermittence.


Les chemins sont détrempés, parfois bien boueux mais sans difficulté technique. Au bout d’un moment, je me retrouve tout seul en pleine forêt. La pluie provoque une espèce de brouillard et j’ai du mal à voir les rubalises. Heureusement, l’organisation a posé des petits ronds luminescents qu’on arrive à distinguer au loin. Néanmoins, à un moment, je commence à flipper car je n’ai pas de portable, je me dis que tout écart pourrait m’engager dans une vraie galère. Mon cœur fait des bonds lorsque je ne vois plus de balisage. J’imagine un 3ème volet du projet blairwitch en pleine forêt de Sologne où l’on retrouve un coureur déchiqueté par une bande de fanatiques.


Je ne me paumerai pas, j’ai passé le test avec succès. Au 10ème km, je retrouve des concurrents au ravitaillement que je zappe sans m’arrêter. On s’engage sur des chemins plus étroits qui serpentent au milieu d’une végétation plus dense. Un peu plus loin, je dépasse un coureur qui vient de tomber lourdement et qui saigne pas mal au niveau du genou. Tout va bien, il continue et me repasse quelques mètres plus tard.

Des bénévoles assurent les traversées de routes et les changements de direction importants. Tout ça est bien organisé. Un peu plus loin, au km 15 on m’annonce qu’il ne reste plus qu’un km et demi. Je me dis que les bénévoles déconnent grave car pour moi, j’ai encore 5 bornes à faire. Et bien non, 1,5km plus tard, j’entre dans la clairière du départ et en termine en 1h45’.


Bien sur, j’avais annoncé aux filles un temps de course d’environ 2h30’ et c’est seul que je franchis la ligne. Je suis un peu déçu mais leur absence est complètement normale. Je prends donc mon temps au ravitaillement qui est super bien achalandé. Fromage de chèvre, rillettes
, fruits, biscuits apéritifs, tout y est, c’est le bonheur total. Alain arrive 5’ plus tard aussi seul que moi. Nous en avons terminé avec la 1ère partie de notre périple tourangeau.



































Alain à l'arrivée avec le sourire.






































A l'arrivée, trempé jusqu'aux os.

L’organisateur a eu la bonne idée de prévoir un repas d’après course. Entre temps, les filles nous ont rejoints. Cela permet aux coureurs de se retrouver dans une ambiance très conviviale. Du Chinon est proposé mais j’évite soigneusement d’en prendre car demain on remet ça.

Petit dodo et le lendemain nous repartons chacun sur nos objectifs. Anne-Paule est sur le 13km, Alain repart sur le 20km de jour cette fois-ci et je suis sur le 33km.























Yolande en accompagnatrice, Alain qui repart sur le 20km et Anne-Paule enfin de retour sur une course sur le 13km





















Anne-Paule tout sourire avant le départ





















Après la nocturne, j'affiche un peu moins de sérénité

Nous démarrons tous ensemble à 9h. Je reste avec Anne-Paule jusqu’à sa bifurcation au 6ème km. Ça me fait bizarre de la revoir près de moi sur une course après ses 7 mois de blessure. J’espère qu’on pourra se refaire des plans sympas ensemble. En tout cas, j’apprécie énormément ce morceau de balade tous les 2.

Puis je coure seul pendant un bon moment. Après une pause bio, je retrouve Alain juste avant qu’il ne bifurque lui-même vers le parcours du 20km. Je pars donc pour une longue boucle où je sais que nous ne sommes pas nombreux. Cette boucle commence par de grandes allées au milieu des arbres. J’aperçois au loin des coureurs et je reviens petit à petit sur eux. Cette partie est monotone, j’entre dans ma bulle veillant à boire et à m’alimenter régulièrement. Nous traversons quelques lieux dits complètement déserts, des fermes.

On entend les inévitables chasseurs du coin qui pétaradent comme des furieux.


J’en croise même 2, des gros
bonhommes rougeots habillés tout en vert, le fusil ouvert sur l’épaule et qui daignent à peine desserrer les mâchoires au « bonjour » qu’on leur adresse. Bref, je ne suis pas fan de ces gens là, ce sont souvent eux qui débalisent les courses ou pire qui militent auprès des pouvoirs locaux (qui sont parfois les mêmes) pour les supprimer. Il parait que nous dérangeons la faune locale. Non sans blague…

Après mon salut de rigueur aux autochtones car je suis un garçon poli et bien élevé, je repars sur mon défi du jour. Les jambes étaient fatiguées de la veille au départ, elles ne sont pas mieux… ni pire. Enfin si, lorsque ça monte, j’avoue que j’en chie un peu. Je n’ai plus trop de forces dans les cuisses, le rythme cardiaque grimpe vite, signe que je souffre.

Nous avons rejoins le parcours du 20km, je ne sais plus quand car ma lucidité en a pris un coup. C’est en rattrapant un coureur que je l’apprends. J’ai vaguement quelques souvenirs de la veille mais il faisait nuit et la nuit, tous les chats sont… Au 18ème km, nous arrivons au seul et unique ravitaillement de la course. Je prends de l’eau gazeuse pour soulager mon estomac. Depuis presque 2 heures, il s’enfile de la boisson énergétique, des sporténines, un gel et une barre. Il doit m’aimer très fort car jusqu’à maintenant, il bien supporté ce régime de fou. Il est temps de le remettre un peu en place. Et l’eau gazeuse, c’est parfait pour ça.

Je repars après une minute d’arrêt, il reste 15km et je ne suis plus très frais. Je sens que ça va être long. J’essaye de ne pas regarder mon GPS mais je jette un œil dessus de plus en plus souvent. Je maintiens néanmoins un rythme très correct, les jambes sont fatiguées mais pas douloureuses. On quitte une seconde fois le parcours du 20km. Je remonte encore très lentement des concurrents, dont une fille qui est partie sans eau. Elle a l’air de souffrir beaucoup, j’imagine les crampes qu’elle doit avoir. Il faut vraiment être inconscient. A 10km de la fin, je double le concurrent qui s’était gamellé devant moi la veille au soir.

A 6km de la fin je rejoins un autre coureur et, 500m plus loin, c’est la panne sèche… Je suis très essoufflé et j’en peux plus. Je décide donc de marcher et dans ce cas, quand on commence à marcher, c’est la spirale négative. Je me suis souvent demandé à quoi était du mes essoufflements lors des courses. J’ai ma réponse et elle est toute simple, c’est la fatigue. Je me vide brutalement de toute substance, comme une bouteille percée. A ce moment là, mon corps a atteint ses limites physiologiques.

Il ne reste que 5 bornes mais elles vont être sacrément longues.

Je marche, je coure et je m’écroule, ce sera mon cycle infernal. Ça va durer 45mins jusqu’à la fin. Je vais me faire doubler par les 5/6 coureurs que j’avais dépassés dont la fille version dromadaire crampée de partout. Au final, ils ne me prendront pas énormément mais quand même, pour le principe, j’aurai aimé rester devant.

Je m’étais fixé 3h30’ maxi et je termine en 3h45’.






















Alain à l'arrivée du 20km dimanche

Lorsque j’arrive dans la grande clairière, Yolande me fait son show et m’encourage. Anne-Paule est là également. Ça fait du bien. Je suis très content d’en finir.


 



La photo est un peu floue mais ce n'est pas parce que je vais vite...

Je ressens néanmoins une certaine de déception car j’aurai aimé conserver mon petit rythme jusqu’au bout. A l’approche de la Saintélyon, je ne suis pas du tout rassuré, loin de là. Mes récents échecs, mon écroulement sur cette course ne me mettent pas vraiment en confiance. Si je cale au 40ème km de la Sainté, il me restera 30 bornes et ça va être un enfer. En plus, je me suis fixé l’objectif de faire moins de 9h, objectif réalisable à condition de courir tout le temps. Ce n’est pas gagné du tout.




































Le sourire à l'arrivée est une façade, je suis déçu par ma fin de course.

J’ai eu des signes d’alerte et il est plus que temps que je me repose. J’en fais trop depuis trop longtemps. Je le sais. Je vais lever le pied à l’entraînement.


La suite sera plus festive. Un nouveau repas est prévu. Il sera aussi sympathique et convivial que celui de la veille avec en prime un petit verre de Chinon bien mérité. Je suis cuit et je n’ai pas très faim. J’ai toujours cette pointe de déception au fond de moi. Un tirage au sort est organisé pour gagner divers lots. Et qui est appelé le 1er ! Bibi qui gagne cette fois-ci une chemise Salomon après les lunettes de soleil à la Noctutrail.

Décidément, heureux aux jeux, malheureux en course…


Bon j’exagère car globalement, ce week-end fut un vrai bonheur. Nous avons passé un moment génial entre amis, on a bien mangé et surtout bien décompressé. La région est belle surtout à cette époque où la forêt se pare d’un dégradé de couleurs d’automne vraiment magnifique.

J’aimerai y retourner dans les mêmes conditions, sans me prendre le chou, avec les amis, juste pour le plaisir. Le cadre est idéal pour cela.

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