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  • : RUNFREDO
  • : "J'ai juste envie de courir" disait le héros bien connu d'un film. Courses sur route ou courses natures, sur des trails, en off, seul ou en groupe, le jour ou la nuit, pour dépasser ses limites ou simplement pour le plaisir.
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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 13:09

Dimanche, j’étais sur l’Ice-trail, un trail de 30km dans la forêt de Carnelle dans le Val d’Oise. L’organisation a posé ses bases à Saint-Martin du Tertre, un petit village tranquille qui verra ses rues envahies de trailers boueux et crottés pendant une demi-journée. Arrivé sur place vers 8h10 pour un départ théorique à 9h, c’est un peu la foire d’empoigne dans les rues, des bagnoles partout, un parking à 500m du retrait des dossards, ça part dans tous les sens et ça bouchonne. Pour ma part, mon bilan carbone est faible car j’ai proposé un co-voiturage avec 2 coureuses de l’Avia : Brigitte et Sylvaine. La 1ère a déjà tâté du trail une fois, la seconde a décidé de découvrir la discipline sur l’Ice-trail. Elle n’a pas choisi le plus facile. L’Ice-trail, c’est 30 bornes dans le froid, la boue, la brume, la flotte, bref, tout ce que la météo a de pire à offrir dans cette période hivernale.

On se gare sur le parking déjà bondé. On croise Linda, une ex du club qui s’aligne sur le 15km et on retrouve Yolande et Alain dans le gymnase pour le retrait des dossards. L’organisation est bien rodée, tout se fait tranquillement mais il ne faut pas traîner pour se changer. Pour ma part, je voyagerai léger, juste un porte-bidon de 800ml, 2 barres et 1 gel. Pas de fioritures, ni de sac encombrant sur le dos. S’il pleut je serai mouillé. J’ai sur moi une tenue nanook de chez akammak, un fabricant de vêtements techniques canadien. Ce truc est bluffant, qu’il fasse -10°C ou 5°C, je n’ai ni chaud ni froid, en fait, j’ai légèrement froid si je ne bouge pas mais cette sensation s’estompe dès que je commence à courir. En plus, je ne transpire pas comme un veau dedans lorsque je coure. Très agréable.

On annonce des rivières de boue donc je prends des guêtres et un cuissard long histoire de ne pas transformer ma course en thalassothérapie. Direction la ligne de départ où je retrouve une vieille connaissance du club, Sylvain avec qui je tournais sur la piste il y a 5 ans. Lui aussi s’est mis au trail. Bref, on poireaute, on poireaute et c’est avec 30mins de retard que l’organisatrice se pointe avec son haut-parleur sous les sifflets de certains. La dame s’énerve et invite les mécontents à rester chez eux l’année prochaine. Cool, ça commence dans une bonne ambiance.

Allez on se calme, il faut partir maintenant. Ni une ni deux, la dame un peu énervée donne le départ sans préavis. GPS démarré, c’est parti. On se dirige vers un joli château puis on bifurque le long d’un champ direction la forêt. Les 1ers prémices de chemin laissent entrevoir le pire. De grosses flaques de boue apparaissent ici et là. Je règle le problème en tirant tout droit dans la gadoue. Faut pas déconner non plus, si on ne veut pas se salir, autant rester chez soi. Les coureurs à côté me maudissent en se prenant quelques giclées sur leurs jambes toutes propres. « Désolé mais ne vous en faites pas, ça part au lavage ! ».

Le groupe Avia reste ensemble. Je suis avec Olivia, Brigitte et Alain. J’aperçois Sylvaine un peu en retrait. Je vais pas mal penser à elle durant la course en espérant qu’elle s’en sorte sans trop souffrir. Je suis bien dans ma tète, heureux d’être là, je me prends encore une bouffée de bien-être dans la tronche. C’est bon. Depuis ma prépa Saintélyon, je coure avec un énorme plaisir même lors des séances d’entraînement dans le froid, sur la neige, sous la pluie. Je ne me souviens pas être allé courir à reculons depuis un bon moment.

Pendant quelques km, je fais un peu le yoyo avec Alain et Brigitte. On s’engage rapidement sur des chemins assez larges puis sur des monotraces. Il faut dire que nous sommes presque 900 au départ donc ça fait beaucoup de monde pour ce type de course. Je reste au chaud dans le peloton, plutôt derrière même et doubler s’avère difficile, épuisant et inutile. Donc j’aligne les km. Les coureurs du 15km sont partis juste après nous et ils nous rattrapent rapidement. Comme à la Saintélyon, c’est vite le bordel. Ça double dans tous les sens, par la gauche, par la droite, c’est demandé parfois gentiment, parfois les mecs gueulent voire poussent ou bousculent les coureurs du 30km. Je les comprends mais en même temps, je trouve ça limite. La plaisanterie va durer 10 bornes jusqu’à une bifurcation et un 1er ravitaillement. Moralement je suis au top, physiquement, j’accuse le coup.

Mon programme de la semaine. Mardi : séance de côtes et une séance de PPG, mercredi : 55’ de footing, jeudi : 3x3000m sur la piste et samedi : sortie longue 1h55’. J’ai bien tapé sur la mécanique toute la semaine et je suis arrivé sur la course fatigué. Je le sens surtout dans les côtes en marchant, j’ai du mal à pousser sur les cuisses. Elles brulent tout de suite et les genoux sont douloureux. C’est inquiétant. Mais bizarrement, je m’aperçois que lorsque je coure dans les côtes, j’ai moins mal. Je décide donc de courir tout doucement dès que ça monte. Et là, je récupère un paquet de gens.

Au ravito, je suis toujours avec Brigitte. Alain et Olivia sont restés un peu en arrière. Je ferai le yoyo avec Brigitte jusqu’au 15ème km environ. Elle assure un bon rythme sans rien lâcher. Dès que je ralentis un peu, elle me dépasse. Vers la moitié, Brigitte a un petit coup de mou et je lui suggère de marcher un peu et de manger pour se refaire une santé. En ce qui me concerne, tout va bien. Je sens le peloton qui s’étire et qui commence à avoir ses 1ères défaillances. Par ci par là, je commence à voir des trailers qui marchent, s’étirent. La boue fait des dégâts, les adducteurs sont mis à rude épreuve, les articulations et les muscles également.

Je ne suis pas au mieux depuis le départ mais mon état n’empire pas donc je remonte progressivement le peloton. Dans les côtes et les faux-plats, je ramasse un paquet de coureurs. J’ai une grosse préparation derrière moi et je le sens même si je manque de fraîcheur physique. Néanmoins, le parcours est usant et cassant. Les ornières glissantes ne permettent pas d’avoir des appuis corrects. Les 800m D+ sont soigneusement repartis et imposent des changements de rythme permanents. Cela se transforme en course pour costauds. Je me force à courir au maximum, à relancer dès que le terrain est propice, il faut courir pour aligner les km, courir pour accélérer le temps. Entrer dans une logique de marche est démoralisant et rend la course interminable. Je ne veux surtout pas vivre ça. J’encourage les coureurs plantés sur le parcours, je propose un sporténine à un gars crampé jusqu’aux os. Il refuse poliment, tant pis…

Ma stratégie fonctionne plutôt bien. Entre les km 20 et 26, c’est un peu l’horreur. Il y a quelques côtes boueuses sur lesquelles on ne peut rien faire. Je marche, j’ai mal aux jambes et j’ai l’impression de faire du surplace. A 6km de l’arrivée, un second ravitaillement marque la dernière partie de course. C’est un peu plus roulant mais ponctué de raidards dévastateurs. Je continue à doubler pas mal de gens, j’ai encore des jambes correctes. Je bois et mange beaucoup. J’ai acquiers de bon réflexes d’hydratation et d’alimentation. 3 bonnes gorgées de boisson énergétique tous les ¼ d’heures, un sporténine toutes les heures et quelques aliments solides entre tout ça. Aux 2 ravitos, j’ai bouloté du gâteau, une banane et du coca. J’ai bien supporté tout ça malgré l’eau glacé.

Je me fixe un objectif de moins de 3h30 pour les 30km. Le GPS me laisse espérer que cela est possible si je ne déconne pas trop. Au 29ème km, on retrouve les chemins du départ, le long de la forêt, des champs puis vers le château. Et là, boum, la monotonie du chemin, le fait de savoir l’arrivée proche me plombent les jambes et le moral. Tout à coup, je prends conscience du gris ambiant, du froid, du ciel encombré par les nuages. J’en ai marre… En plus, tout le retour est en faux-plat montant, j’ai l’impression d’être scotché au bitume, c’est long, c’est chiant. Je dépasse un énième coureur, je l’encourage pour lui donner du baume au cœur et pour me pousser aussi un peu. Il m’accroche, on discute, on souffre ensemble mais ça passe le temps. Il faut remonter sur un stade jusqu’à l’arrivée. Yolande m’encourage sur les derniers mètres. Je passe la ligne en 3h36’13’’ pour 31,5km. Sans ce rab, j’aurai atteint mon mini-objectif, c’est un peu balot. Sur la ligne, je suis interpellé par le distributeur France de chez akammak « J’aime bien votre t-shirt ! » Je regarde mon t-shirt comme un niais, je pige rien à ce qu’il me dit avant qu’il se présente. Il faut dire que cette marque est peu courante et je dois être un des rares à porter un de ses produits. Je n’ai même pas envie de lui dire à quel point son produit est bien. Je suis fatigué et j’ai faim.

Au final, je suis content de ma course. Je me jette sur les ravitos : TUC, fromage, pain, thé bien chaud. Brigitte, Alain et Olivia arrivent ensuite. On papote un peu, Brigitte n’a pas trop aimé la difficulté particulière de ce trail, Olivia a adoré, Alain n’était pas trop préparé, bref, chacun a son petit commentaire et son avis différent. Pour ma part, j’y retournerai car ce format de course me convient bien. Suffisamment long pour se faire un peu mal mais pas trop pour conserver le plaisir intact.

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