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  • : RUNFREDO
  • : "J'ai juste envie de courir" disait le héros bien connu d'un film. Courses sur route ou courses natures, sur des trails, en off, seul ou en groupe, le jour ou la nuit, pour dépasser ses limites ou simplement pour le plaisir.
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28 septembre 2009 1 28 /09 /septembre /2009 14:42

Il suffit qu’une petite course se présente et je succombe illico presto à ses charmes.

Il y a 3 semaines, après un abandon à la CCC et une remise en cause de mes envies de course, je décide de revoir mes objectifs sportifs. Convaincu qu’une année sabbatique me ferait le plus grand bien, je pars dans l’idée de ne courir que quelques footings pour le plaisir. Mais voilà, comment dire… la flamme… la passion… enfin j’aime courir quoi, j’adore m’embarquer dans des tranches d’aventure dans lesquelles je me sens vivant, bien dans ma tète.

Bref, ce petit problème de conscience étant rapidement évacué, je me suis mis à la recherche d’une course. C’est facile, en France, il y en a 6000 par an et je n’ai que l’embarras du choix dans cette période prolixe en offres d’épreuves.

Je m’inscris à la « Noctutrail ». C’est un trail nocturne de 16km à Rosny sur Seine (78) près des Mureaux. Enfin, 16km affichés sur le site de la course, 17km annoncés au briefing et au final, 18km constatés sur les GPS des coureurs. C’est tout le charme du trail, il ne faut jamais se fier aux distances officielles, il arrive assez souvent qu’on se tape un peu de rab et ça tombe bien, j’adore l’imprévu. C’est là que j’y ai couru mon 1er trail, « le trail de la Vallée de Sully » en 2002, embarqué par Christian, précurseur du club dans la discipline. C’était la version diurne de 35km et à l’époque, nous n’étions même pas une centaine sur la ligne. Je me souviens des cafetières, des bières et des gâteaux maison sur les tables des bénévoles.

Je n’ai trouvé personne pour m’accompagner. Le forum du club n’a pas trouvé d’écho à ma balade du soir. Tant pis, la météo s’annonce pourtant clémente et samedi après midi, je prépare consciencieusement mon sac de course. Je partirai avec mon wasp et 1,5 litre de boisson énergétique histoire de maintenir la glycémie à un niveau constant. C’est un peu trop pour 17km mais autant garder une stratégie d’hydratation qui fonctionne bien et je ne risque pas le coup de pompe à 5 bornes de la fin. Je prends 2 lampes frontales au cas où, un buff et des manchons si le temps se rafraîchit trop.

Direction Rosny sur Seine à presque 60 bornes de la maison. La nuit tombe et alors que tous les banlieusards descendent faire la chouille sur Paris, je pars dans l’autre sens pour aller courir en forêt. J’aime bien les trucs à contre-courant, c’est aussi ça qui me plait dans le trail. Le lendemain, c’est le Paris-Versailles, la course mythique aux 20000 participants et sa fameuse côte des gardes.

Tout le contraire ici, je retrouve un peu l’ambiance des débuts : peu de monde, des bénévoles attentifs et dévoués préparant le ravitaillement d’après-course et une atmosphère amicale loin de toutes les grandes manifestations.

Je me sens bien, détendu. Pas de queue pour retirer le dossard, je prends le temps de sourire aux bénévoles, de parler avec eux, sans stress. Après un rapide briefing de l’organisateur, nous nous dirigeons vers la ligne de départ. Nous sommes environ 160 inscrits. Je discute un peu avant le départ, il y a surtout des coureurs du coin et beaucoup partent sans eau ou avec juste un petit bidon de 600ml. Je pense que ce n’est pas pénalisant dans le cas présent. Il fait bon, le ciel est étoilée et la température juste comme il faut. Je ne regrette pas un seul instant d’être ici.

Bang c’est parti ! Ça parle un peu au départ. Des coureurs partis en groupe échangent quelques conneries d’usage. Je suis toujours bon public dans ce genre de situation. Je suis là pour le plaisir et pour profiter de ces bons moments. Et puis, l’excitation des départs engendre toujours une espèce d’euphorie collective. Chacun est content d’être là. Généralement, ça se calme dès la première montée.

D’ailleurs, on monte dès le début. Ce n’est pas bien raide mais long et régulier, suffisamment pour faire grimper un peu le rythme cardiaque. Arrivé en haut, mon téléphone sonne, c’est Anne-Paule qui prend des nouvelles, je lui réponds assez essoufflé que tout va bien. Je regarde mon cardio / GPS et l’écran est vide. Merde, c’est ma batterie qui me lâche. Cela fait plusieurs fois que mon Garmin montre des signes inquiétants. Malgré une recharge complète, il s’éteint. C’est ennuyeux mais d’un autre côté, ce n’est pas plus mal d’oublier les chiffres et de courir aux sensations sans aucun repère. Peu  après, je sens un truc humide dans le dos. Ma poche à eau fuit ! Merde, le bas du sac est mouillé puis très rapidement la contagion gagne le dos et les fesses. Décidément, c’est la poisse. En plus, c’est de la boisson énergétique bien collante… Pas grave, je me dis que c’est peut-être un léger surplus de boisson et je pompe sur le tuyau en espérant que ça va s’arrêter. La montre, puis la poche à eau, manquerait plus que le bonhomme ait une défaillance.

Je sens que j’ai des jambes. J’avale une seconde longue montée sans forcer. Parti dans les derniers, je double pas mal de monde. Ma poche à eau continue à fuir mais je n’ai pas envie de m’arrêter. En haut de la côte, nous arrivons sur un petit pont en bois éclairé de part et d’autres par des bougies. C’est super mignon et j’en profite pour essayer de stopper l’hémorragie de liquide énergétique. Je refais la fermeture du sac et repars. J’ai perdu 30 secondes tout au plus et j’ai l’impression que ma poche ne fuit plus.

Je repars comme un bolide, j’ai des sensations extra, je reviens rapidement sur tout ceux qui m’ont passé et je les double avec facilité. Un gros coup de cul me fait marcher pendant 10 mètres puis je relance. Le parcours n’est pas technique, ce sont essentiellement de longues montées suivies de longues descentes. Les jambes sont nickel, je n’ai aucun échauffement dans les cuisses. C’est tout bon.

J’enchaîne les montées et les descentes tout en continuant à doubler, surtout dans les montées où la plupart des coureurs marchent. Je profite de ma forme du moment. Je bois beaucoup. Le balisage est parfait, des bénévoles sont placés dans tous les changements de direction. Ils encouragent systématiquement les coureurs, c’est génial et je leur renvoie un merci à chaque fois en retour. Sincèrement, je ne vois pas le temps passer, c’est du plaisir pur avec des chemins en monotrace assez roulants. J’en profite pour appuyer chaque fois que c’est plat ou en faux-plat descendant. Sur les montées, je raccourcis la foulée, mouline avec les bras et garde un bon rythme.

J’ai un petit objectif secret qui serait de faire moins de 2 heures mais je sens que je pourrai descendre encore en dessous. N’ayant aucun repère, je ne me pose pas de question et file bon train. La nuit est tempérée et claire, je n’ai pas froid, je n’ai pas chaud, les conditions sont parfaites. Peu avant la moitié, 2 gars me dépassent, un petit trapu et un grand balèze. J’appuie un peu pour leur coller aux fesses. Je sens que le cœur s’emballe mais je décide de tenter le coup. 200m plus loin, ils marchent pour boire… Fais chier, du coup je maintiens mon rythme et espère qu’ils ne reviendront plus.

Je suis en forme c’est indéniable. Vers la moitié du parcours, nous arrivons sur une descente bordée de bougies. Un ravitaillement en eau est présent mais je le zappe évidemment. Encore des bougies, un petit pont éclairé, des spectateurs qui nous poussent dans la nuit et des bénévoles aux petits soins. J’ai la jauge à bonheur au maximum, j’ai envie de courir toute la nuit, une espèce de sourire béat aux lèvres. Qu’est-ce que c’est bon !

Le décor change soudain. On attaque une montée un peu plus technique dans les pierres et soudain le parcours part direct dans les bois. Plus de chemin, des feuilles, des pierres, des petites buttes, des arbres et des branches à éviter et rien que du balisage pour sortir de là. C’est génial, j’adore. Forcément, le rythme n’est plus le même, il faut bondir, anticiper, le tout à la frontale en percevant les détails au dernier moment. C’est le pied et en plus, je passe cette partie seul. Quelles sensations !

Retour sur le chemin, je continue à doubler des coureurs car on enchaîne des passages pas très roulants et les jambes sont encore bien. Des buttes assez raides de 3/4 mètres qui s’enchaînent, un petit devers entre les arbres puis retour sur le chemin. Cela revient derrière, petit trapu et grand balèze sont encore sur mes talons. Mince… On arrive sur une longue boucle en épingle à cheveux. Elle commence par une descente très raide et glissante suivie d’une remontée équivalente… raide et glissante donc. Je monte avec petit trapu et grand balèze. Dans le raidillon, je demande à petit trapu où on en est. Il me répond 13,6km et 1h17’. Petit calcul dans ma tète et je me dis qu’1h45/1h50 c’est jouable. Ça me booste et dès que le terrain devient moins raide, je repars. Je coure toujours aussi bien, je suis super motivé et je lâche de nouveau petit trapu et grand balèze. 4,5km, c’est rien du tout et je décide de ne rien lâcher.

Peu après, petit trapu et grand balèze reviennent encore sur moi… Petit trapu est fort mais grand balèze semble accuser le coup. Ce n'est pas grand chose certes mais il reste un peu en retrait et ne parle plus. Ce sont des signes qui ne trompent pas, il commence à être dans le dur. Du coup, je discute avec son pote. A 1h42 de course, petit trapu me dit qu’il reste 700m mais un bénévole nous annonce 1,5km. Ouééé vive le trail ! On maintient un bon rythme sur un terrain qui comporte quelques pièges. Petit trapu manque de se rétamer sur un double virage serré. Je lui dis que ce n’est pas le moment de se planter. Grand balèze s'éloigne progressivement. On reconnaît la fin du parcours qui est identique au début. Petit trapu accélère et me lâche à mon tour alors que les cuisses commencent à durcir. Je double encore un coureur et revient vite sur un autre à quelques mètres de l’arrivée. Il sent venir le coup et accélère à l’entrée de l’école qui marque la fin de la course.

Je passe la ligne juste derrière lui en 1h49’47’’. C’est ce qu’annonce le panneau d’affichage tout au moins. La distance frise les 18km ce qui m’autorise un petit 10km/h. Je suis aux anges, les jambes tirent un peu mais rien de méchant. Je me dirige gentiment vers le buffet et engloutit goulument 2 soupes de légumes maison bien chaudes et quelques tucs. Hum c’est trop bon ! J'évite la bière. J’ai même pas envie de partir, je traînasse encore un peu le temps de gagner une paire de lunettes de soleil au tirage au sort. Pratique pour la prochaine course de nuit. Un p’tit coup de fil à Anne-Paule pour lui dire que tout va bien et je rentre tranquillement en voiture.

Alors au final ?

J’ai pris mon pied tout simplement. Je pense être en forme et cela s’est vérifié sur cette course. Je le sentais plus ou moins sur mes footings. Je compte bien en profiter tant que les jours sont cléments. Mais toujours aucun excès cette fois, je compte bien garder la même philosophie... ou pas

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 16:05
Après avoir tenté à 2 reprises de rédiger un CR pour la Trans'Aq, j'ai finalement jeté l'éponge. C'est trop dur. Je me contenterai de quelques photos pillées outrageusement sur l'album de Caroline qui a fait l'effort supplémentaire de porter un appareil photo. Et hop ! 200 grammes de plus pour la demoiselle ! C'est pile ce qui séparait le poids de nos sacs, 5,8kg pour ma pomme et 6kg pour Caroline.


L’organisation a formé des groupes de 3 tentes de 3 personnes soit 9 personnes au total. Une première tente est occupée par Caroline avec 2 marseillaises, Marie-France et Valérie. Une seconde tente sera occupée par une équipe « La Famillau ». Ce sont 3 sympathiques coureurs qui se sont rencontrés aux 100km de Millau et qui se retrouvent là-bas chaque année avec d’autres. Tout ce petit monde sévit sur le forum des 100km de Millau. Ambiance garantie. Je partage ma tente avec Gilles, un montagnard pur jus de Vars et Benad, un basque espagnol. Notre groupe de tentes porte le n° 6 et s’appelle « le désert » (tout un programme).



Petite photo avec Caroline sur la jetée à Piqueyrot la veille du départ.



Le groupe "Désert" au grand complet le 1er jour.



Toujours le 1er jour du départ avec tout le matos sur le dos soit 7,3kg en tout.



La même chose pour Caroline. Elle a choisi l'option guêtres du désert très efficaces pour éviter que le sable ne pénètre dans les chaussures.



Km8 sur la 1ère étape. On arrive sur l'océan pour 7km sur le sable. Heureusement, à ce moment là, la marée descend et le sable est dur.



C'est énorme de courir à cet endroit là. J'ai vraiment adoré.



Petit passage chez le doc à 12km de la seconde étape, ça sent déjà la fin...


Au départ du 3ème et dernier jour pour moi.


Pour moi, l'histoire s'arrètera ici, sur la plage du Cap Ferret après 12km dans un 4X4 de l'organisation. On a beau se dire qu'abandonner est le meilleur choix, n'empêche que ça fout gravement les boules même après presque 2 mois.
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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 10:40
Dimanche dernier, je suis allé faire le trail de Cheptainville. Et la particularité de ce trail, c'est son fameux passage de dune, un mur de sable d'une trentaine de mètres équipé de cordes pour faciliter l'ascension. Lorsque j'arrive avec Martine sur le site, on aperçoit que la Joëllette des Dunes d'Espoir est coincée en plein milieu. Des coureurs sont bloqués derrière, d'autres essayent de l'aider.

Avec Martine, on contourne le passage par la droite au niveau des arbres et on décide de filer un coup de main. J'attrape une des anses de la Joëllette et Martine tire sur une des cordes. La pente est très raide et le sol est glissant. Difficile de prendre des appuis. Mais une solidarité collective se crée et après quelques efforts, la joëllette arrive en haut pour continuer son chemin littéralement portée par les membres de Dunes d'Espoir et les coureurs qui se trouvaient là. Au sommet, un coureur nous prend dans ces bras et nous embrasse dans une explosion d'émotion spontanée.

C'était grandiose. Toutes les personnes présentes ont mis de côté leur course pendant quelques instants pour aider sans que personne ne leur demande quoi que ce soit.

Je tiens l'anse de gauche au second plan (t-shirt bleu). Tout autour les coureurs et les membres de Dunes d'Espoir en jaune aident à faire avancer la joëllette.

De nombreuses photos figurent sur le site de la course :
CapNature91
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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 19:42

Voilà, le 1er objectif de l’année est passé. Je viens de terminer le marathon de Paris en 3h44’42’’, temps qui finalement me satisfait. Après une reprise sérieuse en début d’année, c’est le mieux que je pouvais espérer. J’ai pu être régulier jusqu’au 30ème km mais ensuite, j’ai craqué.

Oui j’ai craqué mais pas lâché. Il s’est produit ce que j’appelle sur marathon « une mort lente », une dégradation progressive de l’organisme qui provoque un ralentissement, inexorablement... C’est toujours étrange de vivre ça, les choses vous échappent sans que l’on puisse réagir. C’est comme dans un rêve où on ne maîtrise rien. Mais j’adore, c’est le charme de cette épreuve, son piment, son côté imprévisible qui rend le défi sympa.

Après 4 ans d’absence sur la distance, je suis donc très content. Trois jours après, j’ai eu encore mal aux cuisses au point de m’arracher un rictus de douleur lorsque je me levais ou lorsque je descendais des escaliers. C’est le signe que je suis allé au bout du bout donc pas de regret.

J’étais très concentré au départ de la course. Il faisait déjà chaud et j’ai décidé d’être sérieux sur l’hydratation et les ravitos. Ma stratégie était de boire à tous les km à partir du 5ème km. C’est ce que j’ai fais avec beaucoup de rigueur. J’ai également pris des gels au 5ème, au 15ème, au 25ème, au 35ème et au 38ème km (coup de fouet dans ce dernier cas). Là aussi, cela m’a bien réussi, je n’ai pas eu de souci d’écœurement c’était impec.

J’ai vu plein de coureurs qui prenaient une bouteille au ravito, buvaient 3 gorgées et jetaient la bouteille. Je pense que c’était risqué compte tenu de la chaleur. Sur la fin, j’ai vu pas mal de défaillances dont une sévère au 25ème km où un mec s’écroule quasiment devant moi.

Je suis parti avec un groupe Avia dans le sas des 3h15’, mon temps à Orléans en 2003 pouvant justifier ce petit privilège. Et le sas des 3h15’, c’est tip top pour partir tranquille, ni trop vite, ni trop lentement. J’ai suivi le groupe jusqu’au 1er km.

Le départ est un immense bordel. Il y a des coureurs partout, des spectateurs partout, un speaker qui fait son show, Bertrand Delanoë qui fait son discours de maire. Pas sur qu’il soit ravi de se lever aux aurores pour regarder 37000 mecs en short, quoique…

  • 1-5km             24’53’’            (4’56’’, 4’57’’, 5’00’’, 5’01’’, 5’00’’)

Départ en 5’ au km voire même un peu moins par moments. Je suis pile dans l’allure 3h30’. Le groupe Avia est plus rapide et il s’éloigne peu à peu. Il y a Philippe, Bruno, Yves et Caroline. Il y a beaucoup de monde mais je ne suis pas gêné. Ca discute pas mal mais dans 2 heures, il y a aura un silence total. Moi je suis dans ma bulle, étranger à tout ce qui se passe à côté. A ce moment là, je suis très concentré sur ma course, à l’écoute des sensations. La clé du marathon, c’est la régularité. Partir trop vite, c’est la baffe assurée et j’ai déjà connu ça, l’enfer des 17 derniers km, à la dérive, au fond du gouffre... plus jamais ça. Prudence donc, ne pas s’emballer, gérer. On me double pas mal mais cela m’est égal, je laisse filer. Attention, ça descend sur les Champs et sur la rue de Rivoli aussi. Je repère ceux qui vont couler une bielle à partir du 30ème. Ils partent comme des fous, doublent par à-coup, accélèrent sans raison, trop brutalement. Je reste à gauche de la route pour profiter de l’ombre. Au 5ème, c’est un peu le bazar au ravito, je prends juste une bouteille au passage en remerciant la gentille bénévole et je file.

  • 6-10km           50’12’’            (5’09’’, 5’00’’, 5’12’’, 4’54’’, 5’02’’)

Peu après la Bastille, ça grimpe méchamment. Je ralentis un peu. Surtout, ne pas se mettre dans le rouge.

Vérité universelle du marathon « Toutes les secondes gagnées seront des minutes perdues ».

Je bois scrupuleusement à chaque km mes 3 gorgées d’eau. 9’’ laissées dans le ravito. Je m’asperge le crâne et le dos. L’eau est tiède donc pas de risque de chopper un mal de bide. Les sensations sont bonnes, j’ai une légère raideur à la jambe droite au niveau de l’aine mais c’est supportable. Je souris au photographe du 8ème km et en oublie mon chrono. Je rattrape mon erreur au 9ème km. Je suis toujours dans le rythme de 5’ au km. 25’17’’ sur cette tranche de 5km, j’ai perdu 23’ par rapport à la précédente.

  • 11-15km         1h15’40’’        (5’12’’, 4’56’’, 5’06’’, 5’02’’, 5’13’’)

Après le 10ème km, on se dirige vers le bois de Vincennes. Je ne me souvenais pas que ça grimpait autant, j’ai l’impression que l’on a fait que ça depuis le 5ème km. On prend l’avenue Daumesnil jusqu’au château de Vincennes. Je ne le regarderai même pas. Il fait de plus en plus chaud. Mon allure se stabilise avec les coureurs, je suis dans le rythme du flot continu, à ma place donc. Je garde un bon souvenir de ce passage, c’est agréable même si cela continue de grimper jusqu’à l’hippodrome et le plateau de Gravelle. Je réalise 25’29’’ sur cette tranche de 5km.

  • 16-20km         1h40’45”         (5’13’’, 5’03’’, 5’08’’, 5’00’’, 4’58’’)

Nous arrivons plateau de Gravelle juste après le temple de trotteurs, l’hippodrome de Vincennes. Je suis à 200m du boulot à vol d’oiseau. C’est là qu’est atteint le point culminant de la course. Les jambes commencent à durcir un peu mais rien de bien méchant, les sensations restent bonnes à part cette raideur qui part de l’aine droite et qui redescend le long de la cuisse. Je bipe consciencieusement les km. Il y a beaucoup de spectateurs. On suit la longue avenue de Gravelle qui sépare le bois de Vincennes et la commune de Charenton. Je réalise 25’05’’ sur cette tranche, j’ai accéléré ! Normal maintenant ça descend un peu et j’en ai profité.

Semi-marathon (21,1km)         1h46’28’’        (5’14’’, 29’’)

Nous passons le semi-marathon. Je fête ça en pondant un 21ème km médiocre et un 100m 4 fois mois rapide qu’Usain Bolt aux jeux olympiques. Qu’est-ce que tu fous Fred ? Les choses sérieuses vont bientôt commencer… j’adore, c’est excitant. Nous progressons vers l’inconnu, comment vais-je réagir ? Un rétrécissement au semi et une foule compacte encourageant les coureurs me donnent des frissons. Sur la 1ère partie, c’est chacun pour soi mais plus la course avance et plus ce peloton va devenir solidaire. Dans la souffrance, l’alchimie se crée entre les coureurs, plus de barrière, plus de compétition, on s’accroche tous ensemble. Le semi marque aussi la sortie du bois de Vincennes. Nous abordons le retour vers l’ouest parisien.

  • 20-25km         2h06’27’’        (5’14’’, 5’03’’, 5’02’’, 5’10’’, 5’11’’)

Direction place de la Bastille par la porte de Charenton et l’avenue Daumesnil. Je serai bien allé faire un tour chez Surcouf mais ce n’est pas le bon jour. Juste après la place de la Bastille, nous bifurquons vers la voie Georges Pompidou le long des quais. Mon allure a encore ralenti. La course commence maintenant. Le km25 est franchi dès que nous sommes sur les quais et il reste 17km. Le 23ème km sera mon dernier km proche de mon allure de départ, la dégradation lente de mon organisme a commencé malgré une alimentation et une hydratation rigoureuse. Il y a aussi un phénomène de lassitude dans l’effort, on relâche un peu pour se soulager, on lève légèrement le pied pour accepter de continuer. C’est à ce moment là que j’aurai eu besoin d’un lièvre, une personne qui m’aurait pris par la main pour me dire « hé garçon, tu continues et tu te rentres dedans tant que la ligne n’est pas passée. Accroche-toi à moi. » Là, je me serai calé sur sa foulée en débranchant le cerveau. Je réalise 25’40’’ sur cette tranche et j’ai mangé mon pain blanc…

  • 26-30km         2h32’49’’        (5’12’’, 5’12’’, 5’17’’, 5’17’’, 5’24’’)

La réalité du marathon m’apparaît dès le début des quais. Un gars s’écroule devant moi immédiatement attrapé par un coureur pour qu’il ne s’éclate pas le crâne sur le trottoir. Je ne m’arrête pas, on l’aide à s’assoir. Victime de la chaleur ? Mauvaise alimentation ? Grosse hypoglycémie ? Il faut faire gaffe, rester concentré, à l’écoute des sensations et ne rien négliger. J’ai ralentis, impossible d’aller plus vite. Nous restons sur les quais jusqu’au tunnel des Tuileries. Dans ce p… de tunnel se trouve le 27ème km, tant mieux, plus que 15… 15 bornes Fred! Puis nous remontons vers la maison de la radio où m’attend Hugo avec son « Allez Papa ! » La course a changé de physionomie. Plus personne ne parle, on entend les souffles, on sent la souffrance des coureurs. On entre dans le dur. C’est là qu’il faut s’arracher, continuer à courir, lutter contre les douleurs et maintenir une allure correcte. Je sens les gens à la peine, comme moi, on est pareil. Je piste les bornes kilométriques. C’est le moment du décompte. Il ne faut pas faiblir, tenir, tenir, tenir. Je réalise 26’22’’ sur cette tranche… aïe.

  • 30-35km         3h00’49’’        (5’39’’, 5’27’’, 5’42’’, 5’32’’, 5’41’’)

Pan le mur dans la tronche. Tu voulais faire le malin ? Et bien, tu y es maintenant et jusqu’au cou. J’ai mal aux cuisses, elles sont dures, mon rythme cardiaque s’est accéléré dépassant maintenant les 170 pulsations/min. alors que je maintenais un bon 160-165. Mon cerveau ordonne à mon cœur de réduire la voilure privant ainsi les muscles de leur carburant principal : l’oxygène ! Allez gentil cerveau, ouvre les vannes stp...Je ne vois pas Hugo à la maison de la radio, j’apprendrai plus tard qu’il était à droite alors que je courais à gauche. Je suis déçu. Le corps n’est plus en ligne, la foulée se dégrade. J’attends les bornes kilométriques avec de plus en plus d’impatience. Bientôt le bois de Boulogne et ensuite le final. Putain c’est long. Le gel au 35ème me fait un bien fou, je l’ai attendu longtemps celui-là. Il me reste le gel « coup de fouet » dans la musette pour le bouquet final sauf qu’au lieu d’un feu d’artifice, ce sera une guerre de tranchée où il ne faudra rien lâcher. Je croise sur le parcours un 1er sauveur, un spectateur à vélo avec le buff des Templiers, autant dire un tatoué du trail. On est pareil copain. Lorsque j’arrive juste à côté de lui, il me dit : « Allez Fred, ne lâche rien ! » (Nos prénoms sont écrits sur les dossards). L’encouragement me touche. Je réalise 28’01’’ sur cette tranche, je frise l’explosion en plein vol.

  • 36-40km         3h31’34’’        (6’31’’, 5’41’’, 5’50’’, 6’52’’, 5’52’’)

J’inaugure cette dernière tranche avec une 1ère marche, pas du tout triomphale malheureusement mais j’en ai besoin, je suis fatigué. J’ai les cuisses explosées, j’en ai marre de souffrir, marre de courir mais je me force à repartir. Il faut courir, courir pour arriver plus vite, courir pour éviter le chemin de croix et l’écroulement total, le truc qui laisse des regrets plus tard. Plus longtemps tu courras et plus vite tu seras arrivé. Et puis, je n’ai pas encore craqué, j’ai ralentis mais je maintiens encore un rythme potable et je suis encore dans des temps très acceptables. Alors je repars… Mon cerveau a basculé en mode reptilien, des pensées simples et courtes, faciles à retenir et efficaces. Mais il sait aussi faire preuve de faiblesse. Nous sommes dans le bois de Boulogne. Nous avons longé Roland Garros puis basculé le long du périphérique pour bifurquer vers le lac Supérieur avec une boucle assassine mais si elle n’était pas là, ce ne serait plus un marathon. L’endroit m’est familier mais ça fait un bail que l’option visite touristique n’est plus au programme. Pour info, nous passons devant l’hippodrome d’Auteuil. Nous ne sommes plus chez les trotteurs mais chez les chevaux de galop, la bonne blague ! Ils doivent bien se marrer s’ils me voient dans cet état. Km38, je profite de la prise du coup de fouet pour marcher encore 100m… putain Fred tu perds du temps ! J’ai réalisé 30’46’’ sur cette tranche. Bien fait ! Je n’ai que ce que je mérite, ma petite marchette au 38ème se paye encore cash.

  • 40-42,195km  3h44’42’’        (6’22’’, 5’49’’, 57’’)

3ème et dernière marche au dernier ravitaillement. J’avoue, je suis cuit Monsieur le Marathon, tu es le plus fort et tu ne te mérites pas facilement. Reste 2 bornes le long du lac Inférieur et ensuite c’est l’arrivée avenue Foch. Je double un finisher de l’écotrail qui après ses 80 bornes le 14 mars est venu se frotter au marathon de Paris. Je l’encourage « Allez l’écotrail ! » Encore un ultra-trailer après mon copain des Templiers. Il me remercie et me dit qu’il visait 3h11’… Eh bé mon gars, tu t’es gouré de groupe là ! Ici, c’est la boutique des 3h45’… ou alors c'est la liquidation totale. Du coup, il décide de repartir avec moi. Avec plaisir ! Il court d’un bon rythme et en bon trailer solidaire, m’emmène comme une fleur vers l’arrivée. Il se retourne régulièrement pour voir si je suis toujours là, ne t’inquiète pas, je ne te lâcherai pas. On franchit la ligne ensemble et je remercie Stéphane "Monsieur écotrail" pour son aide.


Je rejoins le groupe Avia à la gare RER pour un retour à Issy les Moulineaux. La suite résume toute la convivialité de la course à pied. On se retrouve dans une pizzéria à boire une bière pression, à partager sa course et à raconter ses anecdotes. Ces moments ont une saveur particulière sachant ce que représente le marathon. Même si le récit donne parfois l’impression d’une course inhumaine, c’est tout le contraire. Il y a des passages difficiles, de la souffrance, des douleurs mais tout cela est très relatif. Je pense que c’est ce que recherchent beaucoup de coureurs, une part de défi pour les débutants, une course incertaine où rien n’ai joué d’avance pour les coureurs plus expérimentés. Chacun y trouve son compte et c’est bien là le principal.

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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 19:40
Km Temps intermédiaire Temps cumulé Temps  interm. 5km Temps  interm. 10km
1 00:04:56 00:04:56    
2 00:04:57 00:09:53    
3 00:05:00 00:14:53    
4 00:05:01 00:19:54    
5 00:05:00 00:24:54 00:24:54  
6 00:05:09 00:30:03    
7 00:05:00 00:35:03    
8 00:05:12 00:40:15    
9 00:04:54 00:45:09    
10 00:05:02 00:50:11 00:25:17 00:50:11
11 00:05:12 00:55:23    
12 00:04:56 01:00:19    
13 00:05:06 01:05:25    
14 00:05:02 01:10:27    
15 00:05:13 01:15:40 00:25:29  
16 00:05:03 01:20:43    
17 00:05:08 01:25:51    
18 00:05:00 01:30:51    
19 00:04:56 01:35:47    
20 00:04:58 01:40:45 00:25:05 00:50:34
21 00:05:14 01:45:59    
21,1 00:00:29 01:46:28    
22 00:04:34 01:51:02    
23 00:05:02 01:56:04    
24 00:05:10 02:01:14    
25 00:05:11 02:06:25 00:25:40  
26 00:05:12 02:11:37    
27 00:05:12 02:16:49    
28 00:05:17 02:22:06    
29 00:05:17 02:27:23    
30 00:05:24 02:32:47 00:26:22 00:52:02
31 00:05:39 02:38:26    
32 00:05:27 02:43:53    
33 00:05:42 02:49:35    
34 00:05:32 02:55:07    
35 00:05:41 03:00:48 00:28:01  
36 00:06:31 03:07:19    
37 00:05:41 03:13:00    
38 00:05:50 03:18:50    
39 00:06:52 03:25:42    
40 00:05:52 03:31:34 00:30:46 00:58:47
41 00:06:22 03:37:56    
42 00:05:49 03:43:45    
42,195 00:00:57 03:44:42    
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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 18:42
Ce dimanche 8 mars 2009 a eu lieu le semi-marathon de Rambouillet. Un semi- marathon, c'est comme l'indique son nom, la moitié d'un marathon soit 21,1km (42,195km pour le marathon).

J'aime moyennement cette course, tout simplement parce que je n'y ai jamais brillé. Sinon rien à dire sur l'organisation, le parcours et l'environnement, c'est bien sans plus mais ça ne m'a jamais emballé. En plus, il pleut et il y a du vent. Ce n'est pas très agréable.

Je participe à l'épreuve avec Anne-Paule. Un groupe de l'Avia est de la fête, accompagné par Jean-Raymond, notre super coach qui a mitonné pour la plupart un tableau de marche aux petits oignons. Pour ma part, sur la base d'un objectif à 3h30' au marathon, je devais partir sur 1h39'59" avec la sensation de ne pas être à fond et d'en avoir gardé un peu sous le pied. Pour faire ce temps, il fallait que je tourne à 4'44" au km.

Confirmant mes dernières sensations par très optimistes, ce fut loin d'être le cas. Je termine en 1h42'40" avec le sentiment de ne pas m'être promené. Si à Paris, je termine aux alentours de 3h45', ce sera logique et je pense que je m'en contenterai. En même temps, je peux aussi faire le second semi à Paris sur les mêmes allures mais j'en doute...

Je ne cours qu'une dizaine de course par an et pourtant, à chaque fois, je me retrouve la veille au soir, invité par un copain. Encore une fois, la tradition est respectée, c'est lesté par un délicieux repas arrosé à la desperado et au vin rouge que Anne-Paule et moi seront au départ. D'ailleurs, j'ai bien senti le point de côté au foie au 3ème km.

Mes temps de passage ont été les suivants :

Km Temps intermédiaire Temps cumulé Temps  interm. 5km Temps  interm. 10km
1 00:04:43 00:04:43    
2 00:04:50 00:09:33    
3 00:04:43 00:14:16    
4 00:05:01 00:19:17    
5 00:04:45 00:24:02 00:24:02  
6 00:04:58 00:29:00    
7 00:04:51 00:33:51    
8 00:04:51 00:38:42    
9 00:04:56 00:43:38    
10 00:04:49 00:48:27 00:24:25 00:48:27
11 00:04:50 00:53:17    
12 00:05:03 00:58:20    
13 00:04:52 01:03:12    
14 00:05:01 01:08:13    
15 00:04:52 01:13:05 00:24:38  
16 00:04:46 01:17:51    
17 00:04:51 01:22:42    
18 00:04:49 01:27:31    
19 00:05:02 01:32:33    
20 00:04:52 01:37:25 00:24:20 00:48:58
21,1 00:05:15 01:42:40    

Dès le second km, je sais que je ne pourrai être dans l'allure. Au fil des km, en analysant les sensations, je me dis que ce serait bien si je tournais entre 4'50" et 4'55". En fonction du terrain, c'est grosso modo ce qui va se produire. Les ravitos ont plombé la moyenne d'environ 5 à 10 sec. mais je suis plutôt assez régulier.

J'ai eu un petit coup de mou au 9ème km. Par chance, Laure me double à ce moment là et je décide de m'accrocher. Au 13ème km, je prends un gel et ça va tout de suite mieux. Je rattrape Laure et nous finissons quasiment en même temps. Anne-Paule et Bruno, mes accolytes du 10km du 8ème arrond. de Paris , m'ont un peu lâché à partir du 5ème km mais je les avais en vue 100m devant moi. Anne-Paule a commencé à avoir mal au genou au 14ème km et je suis revenu sur eux au 19ème km.

Au niveau des pulsations, c'est monté gentiment jusqu'à 180 avec une bonne partie effectuée entre 165 et 170 puls./min.

Globalement je suis un peu déçu mais pas surpris. En course à pied, les surprises n'existent pas. Il faut être patient, besogneux et humble.

Prochaine étape : marathon de Paris le 05 avril.
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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 15:16

Dimanche 1er février 2009, le réveil sonne à 8 heures. C’est jour de course. Au programme, les 10km du 8ème arrondissement de Paris. Anne-Paule et moi sommes aussi à l’aise dans cet exercice qu’un haltérophile sur des patins à glace. Bon j’exagère un peu car cela reste de la course à pied mais ça fait un bail qu’on n’a pas joué avec le chrono.

 

Plus habitués aux trails moyennes et longues distances, le 10 km est pour nous un long sprint où la seule vision du paysage est la chaussure de running du concurrent qui nous précède et le seul son, sa propre respiration est quête d’oxygène tel un poisson rouge qui se débat hors de son bocal.

 

On n’est pas là pour visiter mais pour se sortir les tripes, faire exploser ses poumons et se mettre en anaérobie pendant 50 minutes. Pas d’autosuffisance, juste un ravito au 5ème km zappé dans 99% des cas pour cause de chrono qui défile. Un 10 bornes, c’est la guerre. On double, on est doublé, on s’accroche et on lutte pour gagner du terrain. Cet état d’esprit atteint son paroxysme à quelques centaines de mètres de l’arrivée où chacun fait son sprint et où chaque place est un territoire qu’il ne faut pas perdre.

 

Ma 1ère phrase du jour en me levant a été « et si on disait qu’on a une gastro ? » C’est dire ma motivation à cet instant précis. Il faut dire que la veille, nous avons fait  un Noël n°3 chez un ami qui s’est fait un plaisir de nous servir tout ce qui n’est pas nécessaire à la performance sportive. J’exagère encore car le plat principal était un gratin de pâtes aux fromages (il y en avait 3 des fromages) qui était tellement bon que j’en ai pris aussi 3 fois. Champagne, Petits fours et gâteau au chocolat meringué achevaient de nous lester pour le lendemain.

 

9h15, nous arrivons place Saint-Augustin dans le 8ème. Retrait des dossards, on fonce dans un café pour se réchauffer, boire un jus et vider nos organes vitaux. Car contrairement au trail, sur la route pas question d’une pause en pleine nature pour contribuer à offrir son engrais à l’écosystème local. D’une, cela fait perdre du temps et de deux, les autochtones du 8ème n’apprécierait pas qu’un bon millier de sportifs viennent ajouter leurs excréments ou leurs urines aux déjections canines habituelles. Je suis sur que les chiens du quartier en seraient traumatisés.

 

Autre changement notable, sur un 10km, on s’échauffe. Dans le cas présent, je dirai même plus, on se réchauffe. Car ça caille grave. Donc il faut s’échauffer pour préparer l’organisme à l’effort violent et brutal qu’il va subir. Idéalement, l’opération prend une bonne vingtaine de minutes à laquelle il faut ajouter 3 lignes droites rapides. Je m’exécute bien volontiers car ce point est important, vital même.

 

Et nous voilà sur la ligne de départ. Avec Anne-Paule et Bruno, on se place dans le 2ème tiers du peloton. Fida’a et Sophie se placent devant. Ca sent la pommade chauffante et les baumes qui puent, les visages sont tendus. J’ai l’impression d’être dans un box de lévrier et qu’un lapin va sortir pour qu’on lui coure après. Je flippe un peu car mes dernières séances de piste ont été laborieuses. J’ai pas trop envie de me planter car c’est une étape importante dans la préparation d’un marathon, la phase finale d’un mois de vma perturbé par la météo et mes coups de moins bien.

 

Pan fait le pistolet. C’est parti et ça grimpe dès le départ. Bruno imprime le rythme suivi par Anne-Paule et moi, je m’accroche. Pris dans le trafic, je me fais un peu distancer puis je reviens sur eux au niveau de la ligne du 1er km. Ouille, 5’03’’ au 1er km, c’est pas bon mais en même temps, on est parti derrière donc pas de panique. Au 2ème km, nous rattrapons Fida’a et Sophie qui est un peu à la peine. 4’36’’ au km, ça va mieux. Un petit mot d’encouragement pour Sophie, j’en reçois également un de Fida’a et je repars à la poursuite de Bruno et d’Anne-Paule.

Enfin, poursuite est un bien grand mot. Je suis au taquet pour rester collé et je sens que le moteur est en légère surchauffe. Bruno s’éloigne peu à peu, puis c’est au tour d’Anne-Paule qui tente de le suivre. Je n’ai pas les ressources pour rester au contact, sans doute aussi un manque d’expérience car sur un 10, il faut savoir se taper dedans. Je souffre mais je ne me mets pas dans le rouge.

 

Les km défilent, j’ai Anne-Paule en ligne de mire mais impossible pour moi de revenir sur elle. Jusqu’au 4ème km, j’ai l’impression de monter tout le temps. Il y a beaucoup de faux plats, c’est casse patte au possible. Et puis à partir du 4ème, ça descend tout le temps. Petite remontée juste avant le 5ème que je passe en 23’33’’ soit sur une base de 47’ donc. Bon ça me va bien à condition de tenir. Jean-Raymond est là pour les encouragements et Alain pour les photos. Je sors mon plus beau sourire, crispé, mais sourire quand même.



 

Et c’est reparti pour un tour. Objectif : tenir l’allure. Anne-Paule est à 20 secondes devant. Je ne vois plus Bruno depuis un moment. C’est là que commence la guerre de tranchée. Il faut perdre le moins de place possible, essayer d’en gagner en ramassant ceux qui sont en train de faiblir. Pas de pitié pour ceux qui n’en n’ont pas gardé sous les chaussures, ça revient tout de suite dès que le rythme baisse. Le troupeau n’attendra pas. Mon allure a légèrement diminué, quelques secondes au km tout au plus. Des coureurs en profitent pour me dépasser, tout doucement mais le résultat est là, ils se retrouvent devant moi. Je serre les dents et j’essaye de les garder au contact le plus longtemps possible. Au final, je ne perdrai pas beaucoup de temps.

 

Le 9ème km est une délivrance, plus que 700m de descente et un dernier coup de cul. Là, on lâche tout ce qu’on a. Enfin, c’est ce que je me dis à moi-même car dans les faits, je n’ai plus beaucoup de cartouches. Je n’ai pas mal aux jambes mais elles manquent d’énergie signe que j’ai quand même tapé un peu dans la bête. Je repasse devant Jean-Raymond, Yolande et Hugo, venus nous encourager. Ils sont à 150m de la ligne d’arrivée mais ça monte. Je me permets un dernier simulacre de sprint avec le masque de celui qui donne tout et je franchis l’arrivée en 47’26’’.



C’est moyen mais je suis plutôt satisfait compte tenu de ma forme actuelle. J’ai perdu 23 secondes sur le 2ème 5000 soit environ 5 secondes au km.

 

Dès que je me retourne, je vois Virginie qui arrive 10 sec après moi. Belle perf.

 

Anne-Paule finit en 46’22’’ et Bruno en 45’25’’.

 

En course sur route, on y va vraiment pour le chrono et ça change tout. C’est de la compétition qui implique qu’il faut se donner au maximum quel que soit son temps ou sa place. J’ai aimé retrouver cette ambiance et ça me motive bien pour la suite.

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9 novembre 2008 7 09 /11 /novembre /2008 12:32

La Grande Course des Templiers

Prologue

Vendredi soir, minuit, un groupe de l’Avia débarque dans le village de Saint-Jean-du- Bruel dans l’Aveyron. Direction le gîte de Bernard (le propriétaire) et là, première surprise, on quitte la route pour prendre un chemin qui descend dans la forêt. On arrête la voiture au début du sentier, il reste 1,6km jusqu’au gîte et Stéphane n’est pas très chaud pour y aller avec sa voiture de société. Faut dire que le chemin n’est pas très engageant pour une 407. Puis, Bernard surgit dans la nuit avec son van vw années seventies et nous transporte jusqu’au gîte avec nos bagages. Le van nous secoue dans tous les sens, on se demande bien où est-ce qu’on va atterrir mais Bernard semble connaître le coin comme sa poche et nous arrivons sans encombre au gîte.

Le lendemain, nous partons à Nant  retirer les dossards. L’organisation a prévu un salon professionnel avec des organisateurs, des grandes marques. Toutes les grosses écuries sont présentes, Salomon, Lafuma, Adidas, Quechua, etc. C’est la dernière manche du challenge Trail de la FFA et tout le gratin du trail est là.  Je discute avec le couple Caupène de la Trans’Aq et l’organisateur de Raid du golde du Morbihan. J’adore la manière dont ils parlent de leur course, ça donne vraiment envie. Surtout la Trans’Aq, quand Gérard me parle de la forêt de la Teste, de la dune du Pyla, j’en ai la langue qui traîne parterre… vivement juin 2009.

Le midi, tout le monde se retrouve dans un café pour manger des pizzas et des pâtes beaucoup trop cuites. L’après-midi, nous retournons à Nant où se déroulent les courses des enfants et la VO2 trail. Zeina, Chloé et Nicolas participent à la Kinder Trail 2km, Guillaume à la Kinder 3km. Ce dernier se fait d’ailleurs joliment piquer la 9ème place en faisant le kakou devant nous à 100m de la ligne.

Puis, c’est le départ de la VO2 trail, une course de 18km à laquelle participent Sandrine, Sophie et Bruno. Je pars faire une petite sieste dans la voiture en les attendant. Puis, on se place à l’arrivée et petit à petit les premiers coureurs arrivent. Les visages sont marqués, malgré la distance, on voit que cela n’a pas été une petite balade. Bruno, Sophie puis Sandrine en terminent sous nos encouragements déchaînés. La course a été difficile, cela promet pour le lendemain…

Repas le soir au gîte, préparation des sacs et dodo pour tout le monde. Le réveil est mis pour 3 heures du matin et le départ est prévu à 3h45’. J’ai mis le minimum dans mon sac, pas de médocs, pas de bâtons, juste un t-shirt de rechange, une casquette et le matériel obligatoire. J’emmène toujours plein de trucs qui restent dans le sac et que je dois transporter inutilement. Cette fois-ci, je voyage léger.

Nous sommes sur place 1h avant le départ fixé à 5h15’. Nous allons quasiment tout de suite sur la ligne de départ et bien sûr nous sommes presque devant. Je me dis que ce n’est pas plus mal, nous n’aurons pas à doubler et à bouchonner. Les plus rapides nous passeront devant assez rapidement.

15 membres de l’Avia sont sur la ligne, c’est grandiose.



Etonnamment je ne suis pas trop stressé. Avec Anne-Paule, on s’est dit qu’on allait faire la course ensemble. Comme d’habitude, je suis un peu ailleurs, le speaker nous demande de tous allumer la frontale, le Président de la FFA fait son petit discours. La musique d’ERA que je déteste toujours autant commence, les coureurs se mettent à crier, les fumigènes rouges s’allument, des regards s’échangent entre nous. J’ai les poils qui se dressent sur les bras, il faut avouer que tout cela est impressionnant surtout lorsqu’on sait ce qui nous attend.

La course :

Petite video du départ (merci Alain)





Bang ! On est parti. C’est de la folie, c’est une folie, une de plus dans ma vie de sportif mais qu’est-ce que c’est bon. On traverse la ville de Nant sous les applaudissements des quelques courageux qui se sont levés.



Première sensation, j’ai froid, brrrr… j’ai seulement mis une windstopper avec rien en dessous. Je suis dans un groupe avec Anne-Paule, Laure et Alain. On file bon train. Rapidement on attaque une route en bitume qui monte doucement dans la montagne. Tout le monde court, c’est roulant. Puis, virage à gauche et nous abordons un chemin assez large.



Je regarde souvent derrière pour voir le long serpentin des frontales, c’est impressionnant. Alain fait une pause bio. Peu après, AP et moi faisons la même chose. Du coup, une fois repartis, on se retrouve tous les 2, Laure a aussi disparu. AP se retourne fréquemment pour vérifier que je suis toujours là.

L’idée c’est de ne pas traîner jusqu’à Sauclière, 1er ravitaillement liquide au km13. Sur le chemin, on tombe sur un gros raidillon qui doit faire une bonne centaine de mètres de dénivelés. C’est étroit, ça glisse un peu et c'est très pentu. Les cuisses répondent bien, tout va bien.

Le jour se lève, il fait beau et nous profitons du spectacle. Le parcours est assez roulant et Anne-Paule mène le rythme. Nous arrivons à Sauclière en 1h46’ soit avec presque 30 minutes d’avance sur les barrières horaires. Cela nous fait une bonne marge de départ. Je dis à Anne-Paule mon intention de m’arrêter pour remplir ma poche à eau, Anne-Paule décide de prendre une petite bouteille et de courir avec. Les spectateurs sont venus nombreux encourager les coureurs, c’est génial.

Direction Saint-Guiral au km31. Les choses sérieuses commencent. Montée vers la Combe et le col de la Guéritte. On marche sur les portions les plus pentues et on court sur le plat et les descentes. C’est essentiellement du chemin de trail à travers les bois. Les paysages sont sublimes. Nous avons traversé la couche des nuages qui forment un amas cotonneux dans la vallée, c’est magnifique.



Comme prévu, on se fait pas mal doubler, je pense que nous sommes encore sur des bases plus rapides que nos niveaux respectifs. Je suis assez facile sur les montées et les 2 cols se passent sans problème alors que j’en avais c… bien comme il faut il y a 3 ans.



Le sentier est pentu et caillouteux, il serpente dans la montagne. Passage du col de Saint- Guiral, direction la Dourbies 6,2km plus loin. Depuis le début, je commets l’erreur de ne pas boire suffisamment et de ne pas manger. Je vais le payer très cher plus tard… Je commence à avoir mal au bide et dans ce cas là, rien ne passe. Je bois un peu de ma boisson énergétique mais je ne mange quasiment rien, j’ai juste pris un gel au bout d’1h45’ de course. Je fais la même chose au bout de 3h30’. A partir de là, mes poches sont restées pleines.

En allant vers Dourbies, nous doublons Eric qui me dit qu’il a un problème aux bronches. Puis, nous doublons Stéphane dont la tendinite se réveille. C’est la poisse. Le chemin est une alternance de routes forestières et de montées parfois raides mais pas très longues. La descente vers la Rouvière est très raide et je n’aime pas ça du tout. Il faut slalomer sur un chemin herbeux entre les rochers. Arrivé sur la rivière, un dernier coup de cul nous attend, d’abord dans la forêt, puis sur une petite crête rocheuse. La vue est superbe mais je commence à accuser le coup. En arrivant sur Dourbies, je ne me sens plus bien du tout, j’ai un gros coup de mou. Anne-Paule me lâche et m‘encourage. Le ravito est en haut du village et il faut gravir une route en pavés assez longuette.

Arrivée au ravito en 5h17’ au km37 avec 1h02 d’avance sur la barrière horaire.

10h18’ : SMS de Bruno
Dourbies km 37
JB a vu nico a 9h42
Philppe et JB pivert repartis a 10h05
Nous attendons les autres
Fida parti a 10h17

C’est le bordel, il y a du monde partout, je perds Anne-Paule, les téléphones ne passent pas. Je déteste le pain d’épice et je prends du pain d’épice… beurk, ça colle au palais. Je sors remplir ma poche à eau et je tombe sur Sandrine et Bruno. J’enlève la windstopper pour mettre un t-shirt et une casquette. Il fait très chaud, j’ai mal au bide et toujours pas d’Anne-Paule. On se retrouve in extremis et on repart ensemble, ouf. A la sortie, on croise Jean-Baptiste qui nous encourage pour la suite. Ca tombe bien, les choses sérieuses commencent… on a fait n’importe quoi à ce ravito.

Etat des lieux : j’ai presque rien bouffé et rien bu, j’ai mal au bide, j’ai les jambes fatiguées, ça sent l’hypoglycémie…

La crête du Suquet, presque 500m de dénivelés, un chemin dans la rocaille en plein soleil qui sillonne dans la montagne. En levant la tète, on aperçoit les colonnes de coureurs très haut dans la pente. Anne-Paule mène le rythme, je m’accroche comme je peux. Quelques coureurs nous doublent mais pas tant que ça. Je m’arrête à mi-parcours pour souffler un peu et nous arrivons en haut sans trop de mal mais je suis bien entamé.

11h02’ : SMS de Bruno
Ivan reparti 10h35
Fred et AP rep 10h45
Stephane rep 10h52
Bernard alain et laure rep10h55
Caro rep 11h05

Puis un peu plus tard...


12h00’ : SMS de Bruno
Suite passage dourbie km 37
Eric abandonne (pb de bronches + piiqure d'insecte)
Yo reparti 11h30
Annie rep 11h35
Valerie 11h50

Nico déjà passe a cauuse beguon km 52 et reparti a 11:40
Il a mis le turbo le garcon ch ti

Je suis vraiment déçu pour Eric mais après ses 100km autour du Mont-Blanc et un déménagement, il a sans doute été victime de la fatigue.

Sur la crête, les paysages sont somptueux, mais le chemin est un tapis de feuille sous les pierres et une entorse est vite arrivée donc prudence. Les tombants sur les vallées me laissent sans voix. Des cairns jalonnent le sentier, le tout forme vraiment une crête pendant quelques km. La forêt dans la descente est très jolie. Arbres et rochers sont recouverts de mousse. Le chemin est piégeant, pavé de pierres humides et glissantes.

En bas, pas de ravito. La descente aura duré 2km. Lors de la traversée du village, une habitante propose un pastis tomate « biennnngg frais » aux concurrents. A ce moment là, je l’aurais bien étranglée. Cette portion de 4km qui nous amènera vers Causse Bégon est une nouveauté. Elle commence par une montée assez raide qui s’adoucira par la suite. Pas grande chose à dire sur les paysages, la fatigue plombe un peu le plaisir. Ce sont essentiellement des chemins larges carrossables et… bof quoi. J’ai de plus en plus de mal à relancer malgré les encouragements d’Anne-Paule. Je me fais même bien chambrer par des italiens lorsqu’ils me voient me faire tirer par une femme.

12h59’ : SMS de Bruno
Causse beguon km 52
Nico est passe a 11h40
Pivert a 12h20
Philippe 12:30
Fida a 12h50 mais passe au service medical 

Juste avant le ravito, tous nos accompagnateurs sont là, ça fait du bien. Depuis le départ, Bruno envoie des sms sur l’avancée des coureurs de l’Avia. Nous avons parcouru 52k500 en 8h08’ et nous avons 52min d’avance sur les barrières horaires. Des tentes ont été installées pour l’occasion. Les tables sont très bien fournies, il y a même de la bière… Anne-Paule me conseille de boire un Perrier, l’effet est quasi immédiat sur mon mal de bide, il s’estompe. Du coup, je me jette sur le Perrier en mangeant des bananes. Remplissage de nos poches à eau pour constater que je n’ai toujours quasiment rien buvant malgré la chaleur. Laure nous rejoint et nous repartons tous les 3.

Je vais plutôt mieux. Nous avançons sur un rythme assez correct. Tout commence par une sorte de replat et nous courons dès que nous le pouvons. Il nous reste 2 grosses montées et 2 grosses descentes. De Causse Bégon à Nant, ce sont 20km qu’il faut parcourir pour rejoindre l’arrivée.

La descente vers Saint-Sulpice est assez raide. C’est une succession de petits virages parfois un peu technique. Arrivés au Pont, je demande un Perrier à la protection civile car mon mal de bide est reparti. Je boirai du coca…

14h36’ : SMS de Bruno
Passage a causse beguon km 57
Nico 11h40
JBP 12h20
Phil 12h29
Fida a 12:50 puis abandon
Ivan 13h05
Steph 13:10
AP + Fred 13h25
Laure 13h28
Bernard 13h40
Alain 13h43
Caro 13:55
Yo 14h10

Attendons annie et valerie

« Ici commence l’enfer !»

Non, nous ne sommes pas à Marvejol-Mende mais nous sommes sur le point d’attaquer LA difficulté du jour et je vais bien la sentir passer. Elle commence par une 1ère montée bien raide dans la rocaille. Pas de chemin clairement délimité, c’est une succession de marche en cailloux au milieu de la garrigue. Nous sommes dans un groupe auquel je m’accroche. C’est dur mais fantastique. A la fin de cette première partie, nous longeons des façades rocheuses en bordure de parois vertigineuses. C’est grandiose, la vue plongeante est impressionnante.



Nous abordons ensuite une 2ème montée très raide qui va contourner par la droite la barrière rocheuse. Nous passons sous une corniche par un chemin étroit au bord duquel il vaut mieux ne pas se pencher.



Là encore, c’est costaud et cette partie nous amènera sur une sorte de combe composée de verdure et de petits arbres. Nous ne la franchirons pas puisque nous bifurquons sur la gauche vers la 3ème partie de la montée et là, les ennuis commencent…

Je commence à avoir de crampes aux quadriceps. Des espèces de boules se forment sur les cuisses et je n’arrive plus à plier les jambes. C’est horriblement douloureux. Cette dernière partie débute très raide et j’en bave bien comme il faut. Je n’avance quasiment plus. La fin est un enfer et nous laissons partir Laure pour ne pas la ralentir. Sur le replat qui suit, je trottine péniblement, pas beaucoup en fait. Je suis perclus de crampes au niveau des cuisses. Anne-Paule me pousse en permanence, elle stresse pour la barrière horaire. Les crampes s’invitent aussi au niveau des adducteurs, j’ai l’impression que tous mes muscles vont exploser.

La suite est une horreur absolue, on aperçoit Cantobres au fond de la vallée. Mais la descente est « délicate », limite à mon avis pour une course. C’est glissant, cailloux, sable, pierres, le pied n’est jamais assuré, c’est casse-gueule au possible avec un pourcentage assez fort. Mes cuisses me laissent tranquille heureusement et des groupes se forment car les moins assurés ralentissent les plus téméraires. Je ne suis pas mécontent de faire cette descente au frein à main.

Nous arrivons sur Cantobres après 64km500 et 10h46’ d’efforts. La barrière horaire est à 45’, quel luxe ! Nous apprendrons même plus tard qu’elle a été reculée de 45 minutes supplémentaires car trop de concurrents ne passaient pas dans les temps limites.

14h36’ : SMS de Bruno
Nico arrive en 9h42 : bravo !
JB pivert a qqes kms de l'arrivee
Philippe 14h55 ravito de cantobres ( a 8 km de l'arrivee)
AP + fred + laure sont ensemble et ont du finir st sulpice
Valerie et annie n'ont passe causse beguon

Je suis cuit, je trouve une chaise et 2 cannettes de Perrier à la main, ma nouvelle boisson favorite. Nous retrouvons Laure car nous avançons plutôt bien dans les descentes.

Il nous reste 7,5km à parcourir. Plus de stress en ce qui concerne les barrières mais Anne-Paule me stresse pour arriver avant la nuit parce que Madame a refilé sa frontale à Dourbies pour s’alléger. J’aimerai lui dire que la frontale fait partie du matériel obligatoire et qu’elle doit tout le temps rester dans le sac mais je préfère laisser courir. Dernière difficulté, la montée du roc nantais. 450m de dénivelés pas terribles.





C’est la dernière, tout le monde en a marre et dans ces conditions, difficile d’apprécier. Je retrouve le chemin humide et pourri d’il y a 3 ans parsemé de rochers glissants qu’il faut gravir. Puis vient le chemin interminable vers le sommet, le tout faisant environ 4km. Ensuite, après un ou deux km de plat relatif, c’est la descente sur Nant et l’arrivée. La montée est un enfer, les crampes reprennent de plus belle. Je ne peux plus plier les jambes, dès qu’une douleur disparaît à un endroit, elle réapparait à un autre. Je suis une plaie. Sur la fin, Anne-Paule me pousse pour avancer, je ne peux même plus me pencher en avant. Laure file tout seule, il n’y a pas de raison de la ralentir plus. Bernard nous double peu après, il est bien, ça fait plaisir à voir. Il finira avec Laure 5 minutes avant nous. Sur le replat qui mène à la descente, nous courons, un mélange de rage et d’excitation si proche de l’arrivée nous fait repartir de plus belle. On file bon train et on commence à doubler pas mal de monde, comme quoi le mental fait tout…

Dans la descente, j’ai mal aux quadriceps mais pas de crampes donc on allume bien avec Anne-Paule. On double des concurrents pas toujours très chauds pour se garer sur le côté et nous laisser passer. On attend le speaker en contrebas, cela nous booste encore plus.



A l’approche de l’arrivée, l’excitation augmente, on descend vite, on enchaîne les passages de cordes sur les portions les plus raides.

Ca y est, on longe le fameux muret de la fin de la descente. Le cœur bondit, la joie commence à irriguer le corps, celle qui atténue toutes les douleurs. Le final est un pur bonheur. Nous traversons Nant la main dans la main avec Anne-Paule, sous les applaudissements du public qui crie nos prénoms écrits sur nos dossards. J’ai envie de remercier tout le monde tellement c’est bon mais je me contente de leur sourire. Juste avant la ligne, les arrivants du groupe Avia font encore plus de bruits, c’est génial, c’est le pied total, quelles sensations. Nous franchissons la ligne peu après en 12h35’ heureux d’en finir et de retrouver les amis. Anne-Paule m’aura bien poussé sur le final, on a fait une course à 2. Bonheur énorme.



Epilogue :

Nous restons à attendre les derniers arrivants du groupe dans la nuit et le froid. Je suis cassé de partout, je n’arrive quasiment plus à marcher et je mettrai 4/5 jours pour m’en remettre. J’ai aussi mis très longtemps à récupérer de la fatigue. De l’avis de tous, avec ses montées cassantes, ses chemins techniques et ses descentes délicates, la Grande Course des Templiers reste une épreuve très difficile qui nécessite une bonne préparation. Ma côte de confiance est remontée après les échecs de l’année 2007. Je ne lancerai plus dans de grandes courses « hors normes » de type UTMB car l’investissement est trop important et trop aléatoire. Je préfère rester sur des formats plus accessibles du type Templiers qui permettent de profiter du décor et de prendre un maximum de plaisir sans finir complètement détruit.

Prochaines étapes : Marathon de Paris et Trans’Aq

Le rêve continue… 

Sources Video et photos :  remerciements à Alain, Stéphanie, Fida'a, Ivan et Stéphane.

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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 20:00
Avant le compte-rendu détaillé de la course, voici les temps de passage.


Lieu

Km cumulé Temps cumulé Temps interm. Barrière horaire
Sauclière 13km200 1h46'07" 1h46'07" 2h15'
Saint-Guiral 31km 4h01'05" 2h14'52" 5h15'
Dourbies 37km 5h17'52" 1h16'46" 6h20'
Causse Bégon 52km500 08h08'42" 2h36'57" 9h
Cantobres 64km500 10h46'23" 2h24'39" 11h30'
Nant 72km 12h35'49" 1h40'50"  


Jusqu'à Dourbies, Anne-Paule et moi sommes partis assez vite. Puis, nous faiblissons un peu mais nous maintenons une avance confortable sur les barrières horaires.

Avance sur les barrières horaires :
- Sauclière : 29'
- Saint-Guiral : 1h14'
- Dourbies : 1h02'
- Causse Bégon : 52'
- Cantobre : 44'

Durée des arrêts aux ravitaillements : (durée totale : 41'01")
- Sauclière : 6'02"
- Dourbies : 13'52"
- Causse Bégon : 13'01"
- Cantobre : 8'06"

En théorie, on perd 41 minutes aux ravitaillements même si c'est tout sauf du temps de perdu. On mange, on boit, on se change, on se repose un peu, on remplit sa poche à eau, bref, c'est vital.



Notre arrivée à Causse Bégon au km 52,5.

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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 10:20
A la veille de retourner aux Templiers, je publie le CR de ma course en 2005. C'est du réchauffé mais il n'a jamais été publié dans la gazette de l'Avia.

Ca me fait drôle de relire ça, j'étais loin de m'imaginer que peu après, 1 an et demi de galères physiques et morales m'attendaient. Cette course fut bouclée quasiment sans préparation mais avec le mental de celui qui trouve toujours le bout de ressources pour continuer.

Récit de la course :

Lorsque je pars au mariage de Christian et de Christelle, je suis loin de me douter que je participerai à la grande course des Templiers 4 semaines plus tard. Mais voilà, après une soirée et quelques verres d’alcool, je saute sur l’opportunité de récupérer un dossard auprès de Florence C. Je suis d’une nature impulsive et l’alcool confirme parfaitement cet état de fait.

Après réflexion, en regardant le parcours de cette épreuve, je me demande si tout cela est bien raisonnable : 66 km, 3000 m de dénivelés et pour couronner le tout, quelques passages « délicats ». Oui, dans le monde du trail, c’est le terme que l’on utilise pour ne pas dire dangereux. Bref, les Templiers, c’était une des références de l’ultra trail avant la création de l’utmb. Du coup, revenu à un niveau éthylique normal, j’en arrive presque à espérer que l’échange de dossard ne sera pas possible.

Pas de bol, c’est possible…

Ma préparation est très simple à défaut d’être adaptée : trail de sully début juin, randonnée mi-juin autour du Mont Blanc, coupure totale de 3 mois jusqu’à mi-septembre,… mariage fin septembre. Et ce n’est pas le temps passé sur la piste de danse qui m’aurait permis de retrouver la forme. Et pour couronner le tout, dernière séance de piste sérieuse, fin avril… argh.

Partant de ce bilan catastrophe, j’entame tant bien que mal un début de préparation. Comme toujours dans ce genre de situation, on envisage de charger la mule au maximum dans un délai très court. Ma stratégie est donc basée sur de nombreuses sorties longues à allure très lente en essayant de les agrémenter par des côtes. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire de toute manière. Mon seul atout est mon expérience dans ce type d’épreuve sauf que dans le cas présent, il y a des temps limites. Avancer oui mais ne pas trop traîner quand même.

Afin de ne pas trop cogiter, j’aborde l’épreuve sur le bon vieux principe de la méthode Coué en relativisant les différents obstacles qui pourraient m’empêcher d’aller au bout. Je relis l’article de Christian sur la gazette n°2 et me repasse en boucle le dvd de l’année 2004.

Yolande et Patricia sont également inscrites à l’épreuve. Serge accompagne Yolande. Patricia et moi partons le samedi en TGV. Nous retrouvons les Bichard à Millau qui nous amènent directement sur la pasta party à Nant. Arrivés un peu en retard, nous sommes les derniers à manger. Le gîte se situe dans un petit bled paumé, tellement paumé qu’il vaut mieux ne pas être trop regardant sur la route pour y accéder. Heureusement pour moi, il fait nuit.

Réveil vers 4 heures pour un départ à 6h30 du matin. A Nant, c’est l’effervescence, Corinne Favre et Karine Herry s’échauffent sur l’artère principale. Du coup, je commence à angoisser car ses deux nanas là se déplacent rarement pour un dix bornes. Comme prévu, on se retrouve à 2000 sur la ligne de départ sur fond de musique du groupe ERA, beurk ! Le côté techno religieux, ce n’est pas mon truc. Enfin, c’est exactement comme sur le dvd 2004, je ne me suis donc pas trompé d’endroit.

Départ prudent avec Patricia. On part en footing. Après quelques km en lacets pour se chauffer, on attaque un énorme coup de cul au km 7 pour descendre sur Comberonde, pas long, mais très raide. Il faut quasiment mettre les mains pour grimper. Pas de difficultés majeures ensuite, on trottine tranquillement jusqu’au km 14 vers le 1er ravito à Sauclières. Recharge du camelback sans se stresser et on repart. On en profite pour admirer les paysages sauvages des causses, on n’a pas fait le déplacement pour rien, c’est splendide,.

Ensuite, ça se complique un peu pour moi sur la montée de Saint-Guiral. Il faut se goinfrer 700 m de dénivelés. Ce n’est pas que je suis mal, mais je n’ai aucune jambe, elles sont vides, je n’ai pas de force. Du coup, je laisse filer la Pat vers le sommet. Je la rejoins là-haut pour une photo souvenir mais je lui suggère de partir pour ne pas perdre de temps. Je discute avec un bénévole sur les temps de passage et il me conseille de ne pas traîner si je veux aller au bout car les principales difficultés se trouvent sur la seconde moitié de course. Oups, je repars illico presto et je décide de faire toute la descente vers Dourbies en courant le plus vite possible.

J’arrive à Dourbies au km 36 fatigué mais plus à l’aise sur les temps de passage. Gros ravitaillement, ça fait du bien. Je tombe sur un gars démoralisé qui se demande ce qu’il fait ici, pourquoi il continue à courir, ses copains sont loin devant, il en peut plus, bla bla bla, toute la litanie habituelle du coureur au bord de la rupture. Moi, bon samaritain, je lui sors le grand discours sur les conséquences de l’abandon, la motivation, le mental et les hauts et les bas etc etc. Du coup, il veut finir avec moi mais je préfère me sauver de peur de devoir supporter ses lamentations. Désolé, ce n’est pas très charitable mais je ne veux pas trop m’encombrer d’un désespéré n’étant pas moi-même au mieux de ma forme et puis, je ne veux pas qu’il me gâche mon plaisir. Car même dans les pires galères, il faut rester positif.

Je sors du ravito, je vois Florence Cado et Serge qui m’apprend l’arrêt prématuré de Yolande malade. Mince, je prends un coup au moral.

Bon maintenant, les choses sérieuses commencent  avec la côte qui nous mène vers la crête du Suchet au km 40. Et là, j’en bave bien comme il faut. Les jambes me font mal, je n’ai aucune force. L’absence de dénivelés dans mes entraînements se fait cruellement sentir. Je m’accroche tant bien que mal à des groupes qui me lâchent peu après, c’est dur. Les descentes se passent mieux et j’arrive à suivre sur un rythme correct.

Km 46, arrivée à un nouveau gros ravito à Trèves. Patricia en repart dès que j’ arrive. Tout semble bien aller pour elle. Je trouve enfin du coca sur la table, ça fait du bien. Je suis bien au niveau des temps limites. Depuis le départ, je surveille tout ça avec un GPS et mine de rien, c’est très pratique. Je refais le plein, met un t-shirt propre et repart pour les derniers 20 km.

Trèves-Saint-Sulpice 12 km, mon calvaire. Je fais du 3km/h de moyenne. Je vois la barrière horaire se rapprocher à tel point que je suis persuadé de me faire éjecter à Saint-Sulpice. J’appelle Anne Paule presque anéanti qui me fait alors un speech d’enfer au téléphone. Je repars en courant en essayant de tout faire pour que le pire ne se produise pas. Les 2 derniers km avant le ravito sont constitués d’une descente « délicate » avec des passages de cordes. Par moment, il ne faut vraiment pas se louper sinon, c’est le plongeon. J’arrive à Saint-Sulpice avec 20 min d’avance sur la barrière, ouf… J’ai retrouvé le moral. Stéphane m’a appelé juste avant et bien que je l’ai un peu jeté au téléphone, ça m’a fait du bien.

Reste 8/9 km, une dernière difficulté et une certitude : j’irai au bout quel que soit le temps vu que j’ai franchi la dernière barrière horaire. Ils ne rangeront pas avant que j’en ai terminé avec cette course. Je cours autant que possible sur le plat et les descentes. L’ascension du Roc Nantais est spéciale, elle commence au fond d’une gorge le long d’un chemin qui ressemble à une rivière. Le chemin est froid, humide, pourri, constitué de pierres plus ou moins hautes et entouré d’une végétation abondante. Je m’arrache pour avancer. Ensuite, vient un interminable chemin en lacets qui nous amène vers la descente et c’est là que la nuit se met à tomber pour moi. Le froid s’invite aussitôt et j’enfile vite mon coupe-vent. J’avance dans une espèce de forêt sur un chemin étroit sur le haut du roc nantais. Sans les balisages, j’y serai encore.

Puis vient la descente et ses passages « délicats ». Là encore, des cordes permettent de franchir les gros obstacles. Il fait nuit et je suis ultra prudent. Peu après, c’est l’arrivée sur Nant, enfin la délivrance. Je suis vraiment heureux d’en terminer et de retrouver les amis. Je termine en 13h25, un temps franchement nul mais compte tenu de ma forme, je ne pouvais espérer beaucoup mieux. Je suis complètement vidé. Patricia aura mis 12h42, une belle performance pour un galop d’essai.

Avec le recul, j’ai trouvé cette course formidable. Les paysages sont sublimes, l’organisation est parfaite, rien à dire. On sent quand même une grosse expérience derrière tout ça et la volonté de faire plaisir aux coureurs. A ce titre, j’aimerai souligner la gentillesse et le dévouement des bénévoles. Souvent, j’ai eu droit à un encouragement ou une attention. C’était exceptionnel et très émouvant. Seul bémol, certains passages sont limites au niveau de la sécurité. Mais c’est une épreuve que je referai très certainement.

Après une nuit de repos au gîte, retour le lundi avec Pat sur Issy les Moulineaux.

Fin de l’aventure.

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